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Mario Draghi à Alger : l’Algérie et l’Italie se serrent les coudes

Le Premier ministre italien Mario Draghi arrive aujourd’hui à Alger. Sa visite revêt un caractère important pour son pays qui craint une crise énergétique et pour l’Algérie qui s’assure ainsi de l’amitié d’un pays qui n’a jamais manqué envers elle de loyauté.

Les relations entre l’Algérie et l’Italie marchent, depuis des décennies, à la confiance et à l’entraide dans les moments difficiles. Durant la décennie noire, alors que les Européens fuyaient le pays, les Italiens y ont maintenu une présence active et courageuse. Et pendant que l’endettement étouffait son économie et que les clubs de Paris et de Londres refusaient de desserrer l’étau, Rome avait proposé à Alger une ligne de crédit de 7 milliards de dollars pour lui permettre de souffler.

Les deux Etats que seulement quelques centaines de kilomètres maritimes séparent se connaissent bien et partagent des vues proches sur certaines questions notamment la situation en Libye. Ils ont également un héritage méditerranéen commun et des valeurs assez proches concernant le sens de la famille, le respect envers les aînés et la solidarité. Ils ont, en outre, fourni des vagues de migrants qui ont essaimé à travers le monde et savent ce que le mot s’adapter signifie.

Toutefois, en ces moments tendus, c’est l’Italie qui attend un retour d’ascenseur susceptible de la rassurer sur son avenir énergétique alors que des incertitudes planent sur les approvisionnements en gaz russe destinés à l’Union européenne.      

L’Italie est déjà desservie par un gazoduc algérien baptisé du nom d’Enrico Mattei, patron historique d’Agip puis d’Eni, qui, dans les années 1950, avait conditionné sa collaboration avec les pétroliers français dans par l’indépendance de l’Algérie dans laquelle son groupe en est devenu aujourd’hui un acteur majeur dans le domaine des hydrocarbures. La compagnie ne cesse d’ailleurs de renforcer sa présence en partenariat avec Sonatrach, suivant une approche gagnant-gagnant.

C’est pour développer ces liens que Mario Draghi, le Premier ministre italien arrive aujourd’hui à Alger pour des discussions avec les plus hauts responsables du pays. Il sera ainsi reçu dans l’après-midi par le président Abdelmadjid Tebboune qui le conviera ensuite au repas de rupture du jeûne du ramadan.

Il est clair que Draghi est venu, d’abord et avant tout, pour garantir la sécurité énergétique de son pays qui peut être menacée par les conséquences du conflit russo-ukrainien et l’éventualité de la fermeture du robinet du gaz russe. Fortement dépendante, à l’instar d’autres pays européens, l’Italie voudra certainement recevoir des quantités supplémentaires de gaz algérien pour éviter la panne sèche qui se profile à l’horizon.

En tout état de cause, la coopération algéro-italienne est mutuellement profitable pour les deux Etats. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, le président Tebboune avait vanté le modèle économique de l’Italie et l’a considéré comme le plus inspirant pour l’Algérie. Que ce soit en matière d’agriculture, de petites entreprises et même d’industrie, l’expérience italienne pourrait facilement booster la machine à produire du pays.

La visite du chef du gouvernement italien revêt également une symbolique politique de premier plan. Elle apparaît comme une réponse à la volte-face de son homologue espagnol sur la question de la décolonisation du Sahara occidental par crainte du roi du Maroc qui a menacé d’envoyer vers ses territoires des milliers de migrants clandestins.

Le Premier ministre Perdro Sanchez a donc cédé au chantage et n’a respecté ni la position officielle de son pays qui est restée légaliste et constante sur ce dossier brûlant, ni le peuple sahraoui qui se bat pour défendre pacifiquement son droit à un référendum d’autodétermination. Il s’est, en outre, peu soucié de la réaction de l’Algérie qui, comme il le sait pertinemment, fait de la défense des droits légitimes du peuple sahraoui un principe de sa diplomatie.

C’est pourquoi la visite de Draghi à Alger revêt un caractère important. Elle démontre que l’Algérie sait être fiable et loyale envers ses amis, ses alliés et ses partenaires mais récuse « la trahison » un mot par lequel les autorités ont qualifié l’attitude de Sanchez.

Ali Younsi-Massi

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