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Le Président Tebboune reçoit L’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier à Alger, l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, indique un communiqué de la présidence de la République.

Le communiqué ajoute que “cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la poursuite des consultations lancées par le président de la République avec des personnalités nationales, des présidents de partis et des représentants de la société civile sur la situation globale du pays et la révision de la Constitution, dont la mission a été confiée, dans un premier lieu, à un comité d’experts présidé par le professeur universitaire et membre de la Commission du droit international à l’Organisation des Nations unies (ONU), Ahmed Laraba.”

“L’objectif de ces consultations est l’édification d’une nouvelle République répondant aux aspirations du peuple et procéder à une réforme globale de l’Etat à même de consacrer la démocratie dans le cadre d’un Etat de droit préservant les droits et les libertés des citoyens, un objectif dont M. Tebboune s’est engagé à réaliser lors de sa campagne électorale et réaffirmé dans son discours prononcé à la cérémonie de prestation de serment en tant que président de la République”, ajoute la même source.

“M. Hamrouche a présenté au président de la République sa vision sur les différentes questions posées sur la scène politique, et ce, à la lumière de sa longue expérience au service de l’Etat ainsi que son suivi des évènements nationaux en tant qu’acteur politique éminent”, conclut le communiqué de la Présidence.

L’ancien chef du gouvernement est la 3e personnalité politique à être reçu par le nouveau président de la République après Ahmed Benbitour(ancien chef du gouvernement sous Bouteflika) et l’ancien ministre et activiste politique M. Abdelaziz Rahabi. Indépendamment des motivations des uns et des autres, il est clair qu’elle participe à une démarche d’apaisement.

En ce qui concerne Mouloud Hamrouche, l’homme reste fidèle à lui-même. Il reste toujours, à l’écoute de la république : à participer par ses opinions et ses conseils à chaque fois qu’il est nécessaire. C’est, en tout cas, ce qui ressort de ses dernières déclarations à certains de ses partisans le sollicitant à se présenter à l’élection présidentielle.

Cependant, la position du chef de file des réformateurs est contenue dans les différents textes qu’il a publiés à chaque fois que l’Algérie affronte son destin.

Primo, sa position est claire quant à la participation aux élections présidentielles. L’homme est contre la cooptation et/ou la désignation par quelque partie que se soit. Cela est clairement anti–démocratique. En 1996,Hamrouche a refusé de se présenter à la présidentielle en la qualifiant d’élection fermée. Hamrouche disait : je ne me présenterai pas contre le candidat de l’Armée.

Les présidents Zeroual et Bouteflika sont portés à la tête de l’Etat lors d’élections dont les résultats sont connus d’avance. En 1999, Hamrouche s’est retiré de la course, avec cinq autres candidats. Ce jour là, il s’avéra clair que le jeu était fermé. Les mêmes règles ont commandé aux jeux politiques du pays… et cela jusqu’au moment où le peuple a décidé de sortir dans la rue le 22 février de l’année dernière.

« Le mouvement du 22 Février est venu mettre un terme à l’expansion des difficultés, des impasses et des menaces engendrées, accumulées et non résolues par le système. Par cette mobilisation inattendue, les Algériens ont refusé que leur pays chute ou cède au chaos, » a-t-il écrit dans une contribution le 04 septembre 2O19. Il était franchement pour le hirak : «Le mouvement du peuple est un sursaut de survie et une action préventive contre une possible déstabilisation généralisée et internationalisée. Les Algériens, par l’ampleur de leur mobilisation et le caractère national unitaire, pacifique et durable de leur hirak ont, en plus, haussé le prestige de l’Algérie, nourri la fierté nationale et rendu à l’image de l’armée son éclat malgré l’affligeant fait de voir une kyrielle d’anciens hauts responsables en prison, ce qui dénote l’ampleur d’un désastre national, » a t-il poursuivi.

Le hirak a mis tout le monde devant ses responsabilités,  toutes les élites politiques, culturelles, économiques et militaires. « L’ autre mérite du hirak est d’avoir révélé tant de désordres et de malversations dont la presse et les médias abreuvent l’opinion publique impliquant les plus hauts responsables et fonctionnaires de différentes institutions, Premiers ministre, généraux-majors, ministres et autres hauts cadres et agents de l’Etat, banquiers et entrepreneurs. Sont-ils victimes,  bourreaux, ou  simples serviteurs zélés d’un système qui interdit toute gouvernance institutionnelle, toute surveillance politique et toute administration légale ? » a-t-il  encore écrit.

Venant, ensuite, à son analyse du système et sa résistance au changement, l’ancien chef du gouvernement écrit :

« Le refus d’adaptation et de transformation sur de longues périodes avait fini par rendre impossible un simple changement d’hommes et de pratiques. Ce sera plus dur pour un changement du système mais réalisable de façon concertée, ordonnée et déterminée, malgré l’hostilité ou l’impuissance qui caractérisent nos élites politiques. Ce sont des caractéristiques qui marquent des élites des pays qui stagnent, régressent ou n’arrivent pas à émerger par le développement ! »

Pour lui, « le pays a cruellement besoin non pas d’un simple consentement ou un changement d’hommes, mais d’un vrai modèle institutionnel politique et étatique. Car sa survie, celle de son armée et de son gouvernement en dépendent. »  « Le nombre de lacunes à combler, de blocages à déverrouiller et d’impasses à briser ainsi que la mise en place d’un ordre politique composé de partis de gouvernement, capables de faire émerger des élites, des compétences, des adhésions et des soutiens redonnent une forte exigence à cette question. »

« D’autant que l’immensité des tâches et la nature des dégradations ainsi que des attentes politiques et des besoins sociaux rendent toute approche naïve ou parcellaire, toute précipitation ou rafistolage plus problématique et plus coûteux que les vingt-cinq dernières années de blocage et de statu quo. »

Les résistances sont telles que l’entreprise de changement est titanesque et demande un travail dur et de longue haleine. Ces résistances « redoutent qu’un simple contrôle de légalité fasse fondre leurs armes : le mensonge, le chantage ou la menace. Ce sont des armes par lesquelles l’Algérie a été stoppée dans son élan et soumise à une régression générale terrible. »

La question qui se pose aujourd’hui est la même que celle que Mouloud Hamrouche a posée il y a près de cinq mois, « Le futur Président «élu» disposera de quelles forces légales, de quels appuis politiques et sociaux, de quels mécanismes décisionnels et constitutionnels ? Certes, la Constitution actuelle lui confère tous les pouvoirs, mais sans aucun mécanisme opératoire. Toutes ses décisions dépendront du soutien ou non de ces réseaux.»

« Le choix n’est pas et ne doit pas être entre le système ou le chaos, mais entre le système et une Algérie meilleure. Pour cela, le peuple est en processus constituant tous les vendredis et sa jeunesse estudiantine tous les mardis depuis plus de six mois. Un mouvement un et indivisible. »

Il y a, d’un côté, le nécessaire changement et, de l’autre, la préservation du système avec ses réseaux et sa clientèle : Mouloud Hamrouche semble dire à celui qui héritera du fauteuil présidentiel : C’est à vous de choisir : l’Algérie ou le chaos.

Hamma Sadek

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