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Le Maroc dans la tourmente : des personnalités françaises espionnées pour leur soutien à la cause sahraouie

Des élus, militants des droits de l’Homme et des avocats exerçant en France et connus pour leur soutien à la cause sahraouie, ont été espionnés par le Maroc, à laide d’un logiciel israélien, depuis quelques années, et ces agissements se sont intensifiés depuis la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020, comme l’a révélé l’enquête de Forbidden Stories et de ses partenaires. Dans un long article publié lundi, repris par d’autres médias, le journal Franceinfo, a expliqué comment le Sahara occidental était devenue “une véritable obsession” pour le Maroc, pays occupant et comment le Royaume aurait sélectionné ses cibles en fonction des prises de position des personnalités françaises mais aussi de leurs carnets d’adresses. L’enquête menée par le consortium de Forbidden Stories prouve que la militante Claude Mangin, épouse du prisonnier politique sahraoui, Naama Asfari, est très étroitement surveillée par Rabat à travers son téléphone. Pas moins de 128 traces d’une intervention extérieure ont été détectées entre octobre 2020 et juin 2021 par le Security Lab d’Amnesty International, partenaire technique du projet. Des attaques menées grâce au logiciel Pegasus ont permis de s’introduire dans son portable et de récupérer l’ensemble de son contenu. “Moi et mon mari sommes devenus les bêtes noires de cette monarchie”, dit-t-elle. Jugé par un tribunal militaire avec 25 autres figures du combat pour l’autodétermination du Sahara occidental, Naâma Asfari a été condamné à trente ans de prison. Claude Mangin livre depuis un âpre combat. En 2014, avec l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) et son avocat Joseph Breham, une plainte est déposée devant les tribunaux français. Cette plainte qui dénonce des faits de torture en détention sur Naâma Asfari n’aboutira pas en France. En revanche, une autre déposée cette fois devant le comité contre la torture des Nations unies à Genève entraînera une condamnation – symbolique – du royaume du Maroc en 2016. “Une jolie victoire pour l’avocat Joseph Breham. Mais qui lui coûtera cher”, rappelle la même source. Selon l’enquête, le pénaliste parisien a lui aussi a été espionné par le Maroc à travers son portable. L’analyse de son iPhone par l’équipe technique d’Amnesty international montre des intrusions nombreuses entre septembre et décembre 2019. L’avocat qui entend déposer plainte, juge ces attaques et les moyens déployés par le Maroc pour le surveiller totalement “disproportionnées”. Selon les informations de Franceinfo, d’autres avocats, responsables associatifs et citoyens sahraouis en lien avec Claude Mangin ont aussi été sélectionnés comme cibles par le Maroc via le logiciel Pegasus. L’article fait état, par ailleurs, d'”une surveillance massive et renforcée” ces derniers mois qui s’explique, selon la source, par la rupture du cessez-le-feu au Sahara occidental en novembre 2020 par les forces d’occupation marocaines. Les Sahraouis sont également ciblés, selon la même source. Le portable de l’ambassadeur sahraoui en Europe, Oubi Bachir Bouchraya, a été infecté par le logiciel Pegasus le 15 mars 2021. “Je ne suis pas surpris”, réagit-il apprend les faits. “Je pensais être sous surveillance depuis que j’ai pris la tête de la diplomatie sahraouie en Europe. Je ne suis pas étonné non plus”, poursuit cette figure du Front Polisario, soutenant que “c’est dans l’ADN du Maroc d’agir en dehors de la loi, en violation du droit international.” L’obsession du Maroc pourrait aussi s’expliquer, selon la même source, par le fait qu’en France Claude Mangin n’abandonne pas la bataille pour voir son mari et multiplie les actions pour évoquer la causes des prisonniers sahraouis. Comme lorsqu’elle a médiatisé sa grève de la faim de trente jours, en avril 2018, dans le hall de l’hôtel de ville d’Ivry. Cette ville dirigée par des élus en faveur de la cause sahraouie, semble être scrutée par le royaume. Le maire Philippe Bouyssou qui accepte de faire tester son téléphone par le laboratoire d’Amnesty International qui détecte une tentative d’infection survenue la veille, 6 juillet. “Je suis médusé”, lâche Philippe Bouyssou lorsque on lui annonce le résultat de l’analyse. “Je me sens atteint dans mon intégrité personnelle et publique. C’est une forme de pression qui me touche profondément et en même temps ça me renforce dans mes convictions. Je me dis que si le soutien que l’on apporte au peuple sahraoui et à son droit à l’autodétermination génère ce type de réactions de la part d’un Etat étranger tout à fait puissant, c’est que le combat est juste et qu’il faut le poursuivre”. Le maire d’Ivry annonce qu’il compte saisir la justice.

APS

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