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Le branle-bas de combat

Le projet de loi sur les hydrocarbures à l’APN

Le bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN) a décidé, hier, après examen, de soumettre le très controversé projet de loi sur les hydrocarbures à la Commission des affaires économiques, du développement de l’industrie, du commerce et de la planification.

Ni son statut de gouvernement transitoire, ni l’opposition quasi-unanime de la classe politique, des syndicats et des experts, n’ont réussi à dissuader Bedoui et son équipe de reporter l’adoption de cette loi. Il est d’ailleurs à se demander pourquoi une telle précipitation alors que les résultats de la nouvelle ne seront effectifs que dans cinq voire dix ans.

Un autre élément vient mettre, encore, plus de suspicions. Il s’agit de l’intervention, dans le débat de l’ancien ministre Chakib Khelil. Ce dernier, poursuivi par la justice algérienne pour des affaires liées à la corruption, a eu l’outrecuidance de défendre le projet du gouvernement. Pour lui, « la nouvelle loi pourrait permettre d’atteindre “un niveau plus important d’investissement en Algérie, seul moyen d’accroître les réserves en pétrole et en gaz sur les moyens et longs termes.» Alors que les experts du secteur affirment que les investissements dans ce domaine rétrécissent comme peau de chagrin, le gros étant réservé aux énergies renouvelables.

Il y a quelques jours, l’ancien diplomate et ministre Abdelaziz Rahabi a révélé que le nouveau projet de loi est un remake de celle qu’avait proposée Chakib Khelil, laquelle loi confectionnée par un expert américain, employé de la Banque mondiale, l’ancien employeur de l’ancien ministre.

« Il y a trop de coïncidences, nous déclare un économiste. » Il ajoute : «Là où il y a du pétrole, il y a les Américains, à tel point qu’ils considèrent le pétrole et toutes les autres énergies, là où elles se trouvent, une richesse nationale américaine.» « Impossible de ne pas faire le lien entre Khelil, sa gestion du secteur pendant plus de dix ans, son bilan et sa proximité avec les Américains, » a-t-il encore souligné.

Pour l’opinion publique, et surtout ces milliers de citoyens qui manifestent à longueur de semaine depuis près de 8 mois pour le changement, le pouvoir en place est disposé à écouter les conseils de la issaba, dont Khelil est l’un de ces représentants, que les avis d’experts algériens, reconnus pour leur compétence et leur intégrité.

Les arguments présentés par le professeur Chams eddine Chitour, responsable du laboratoire de valorisation des hydrocarbures à l’Ecole polytechnique nationale (IPO) et ceux encore développés par Tewfik Hassani, spécialiste dans l’énergie renouvelables, sont sans appel.

Pour ce dernier, l’Algérie a plus, beaucoup plus, à gagner en développant les énergies renouvelables que de continuer à espérer la découverte d’un autre Hassi Messaoud. D’ailleurs, affirme-t-il, la tendance mondiale est pour le mix énergétique.  Le but est d’arriver à 50 % à l’horizon 2050. L’Algérie ne devrait pas le rater.

Les promoteurs du projet continuent pourtant à le défendre bec et ongle. Le vice-président Business, Développement et Marketing du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, estime, quant à lui, que la nouvelle loi permettra d’anticiper la situation de déséquilibre sur le marché national attendue en 2030. «D’où l’obligation d’agir dans l’immédiat afin d’éviter cette situation de déséquilibre sachant qu’une dizaine d’années est nécessaire pour découvrir, développer et faire produire un gisement d’hydrocarbures”, a souligné M. Hakkar dans une interview au quotidien Le Soir d’Algérie, publiée hier.» Un argument basé sur la chimère d’une grande découverte, qui ne viendrait peut être pas.

Le responsable de la compagnie nationale part ensuite sur le terrain qui s’apparente à la politique plutôt qu’à la réalité énergétique nationale et dans le monde, comme la part réservée à Sonatrach, la règle 51/49 ou encore le veto dont jouit le chef de l’Etat dans la signature des contrats contraires aux intérêts du pays. Bref, des considérations qui ne garantissent pas l’arrivée certaine des investissements.

Pour Saïd Beghoul, expert pétrolier, «cette loi ne va drainer, éventuellement, que quelques modestes compagnies moins importantes que Sonatrach.» Par exemple, une compagnie comme Exxon Mobil ne serait pas intéressée par l’investissement dans l’exploration du pétrole en Algérie. La preuve est que ce Géant mondial de l’Energie  « vient d’annoncer son programme de désinvestissement qui atteindra 15 milliards de dollars d’ici 2021. Il a commencé par la cession de ses assets amont (4.5 milliards de dollars) en Norvège sur une vingtaine de gisements exploités par Equinor et dont la production est de 150 000 barils équivalent pétrole par jour en 2019…» a –il déclaré dans une interview à TSA.

Hamma Sadek

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