Accueil / National / La justice déterre l’affaire de l’Autoroute Est-Ouest

La justice déterre l’affaire de l’Autoroute Est-Ouest

 Six ans après le procès, en première instance, le tribunal criminel de la Cour d’Alger devrait ouvrir, jeudi, le procès en appel de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest. La réouverture de ce dossier a été décidée, à l’instar de l’affaire Khalifa Bank, après la démission de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. Certes, il s’agit d’un procès suite à une cassation de la Cour Suprême, mais il reflète, aussi et surtout, une certaine volonté politique. Faut-il se rappeler l’un des discours du défunt général de corps d’Armée Ahmed Gaid Saleh où il invitait la justice à rouvrir les dossiers de la corruption en citant les affaires Khalifa Bank et celle de l’autoroute Est-Ouest.

Une pléiade d’hommes politiques, d’hommes d’affaires, de responsables économiques, d’intermédiaires de tous genres et, bien sûr, les sociétés de réalisation sont au cœur de cette gigantesque affaire. Il s’agit, plus précisément, de 17 accusés. Parmi eux : l’ex-ministre des Travaux publics, Ammar Ghoul, actuellement en détention préventive pour d’autres affaires, les deux ex-ministres, Mohamed Bedjaoui et Chakib Khelil. Ce dernier est sous le coup d’un mandat d’arrêt international.  Impliqués dans cette affaire aussi : Mohamed Khelladi, ex-directeur des nouveaux programmes de l’Agence nationale des autoroutes (ANA), Mahdjoub Chani, homme d’affaires algéro-luxembourgeois, propriétaire d’une société fiduciaire, Rachid Hamdane, ex-directeur de la planification au ministère des Travaux publics, Allab Kheier, entrepreneur, Belkacem Ferrachi, ancien cadre au ministère des Transports, Ahmed Ghazali, ex-directeur des études au niveau de l’Ana, et Naim et Madani Bouzenacha, ainsi que sept sociétés étrangères, les consortiums chinois CRCC-CITIC et japonais Cojaal, ainsi que les sociétés suisses Pizarotti et Garaventa, espagnole Isolux Corsan, canadienne SMI et portugaise Coba.

Tout ce beau monde est poursuivi pour des chefs d’inculpation variant entre «association de malfaiteurs», «corruption», «blanchiment d’argent», «dilapidation de deniers publics» et «abus de fonction», jusqu’au «trafic d’influence», «perception d’indus cadeaux» et «violation de la réglementation des changes».

A l’origine du scandale, une enquête a été enclenchée, en 2009 par le département de renseignement et sécurité, sous la direction du général Mohamed Medienne, dit Toufik. L’affaire a été rendue publique en plein 3e mandat de Bouteflika. Ce qui a été interprété comme une tentative de mettre des bâtons dans les roues à l’ex-Président. En 2015, pendant le procès préliminaire, Amar Ghoul, le ministre des Travaux publics et, de surcroît, le premier responsable du projet, ne s’est jamais inquiété. Idem pour Mohamed Bedjaoui et Chakib Khelil, les deux appartenant au cercle présidentiel. Tout ce que la justice a fait, c’est d’interroger Ammar Ghoul par correspondance et ce dernier de répondre à son tour, par une missive… La boucle est bouclée. Le 6 mai 2015, le tribunal de Sidi M’hamed à Alger a prononcé son verdict à l’encontre de 22 personnes physiques et morales. Les peines variaient entre dix ans de prison ferme et l’acquittement.

Chani Medjdoub (conseiller de Citic Crcc Chine), le principal accusé, Khelladi Mohamed (directeur des nouveaux programmes de l’Autoroute) ont écopé de dix ans de prison ferme assortie d’une amende de trois millions DA. L’homme d’affaires, Adou Tadj Eddine et Hamdane Rachid Salim (ex-directeur de la planification au ministère des Travaux publics), ont été condamnés à sept ans de prison ferme…

Les autres condamnations ont varié entre trois ans de réclusion, de la prison avec sursis.  Ont été acquittés, l’ex-SG du ministère des Travaux publics, Bouchama Mohamed, Allab El Khier, investisseur, et Ferrachi Belkacem, ex-cadre au ministère des Transports.

Le projet de l’autoroute Est-Ouest a coûté à l’Algérie pas moins de 16 milliards de dollars. Si on calcule sur la base de l’enveloppe initiale, soit 6 milliards de dollars, l’Algérie pourrait construire trois autoroutes.

Il faut savoir que l’ouvrage n’a pas été réceptionné, en entier, jusqu’à aujourd’hui et souffre dans plusieurs endroits de malfaçons. Il y a quelques jours, l’actuel ministre des Travaux publics a critiqué la lourdeur caractérisant l’achèvement des travaux. Le procès, qui s’ouvre aujourd’hui, devrait se pencher sur ces aspects et sur d’autres aussi, restés secrets.

  Mohamed Kheir Eddine

A propos LA NATION

Voir Aussi

Saison estivale : Air Algérie rajoute 26 vols supplémentaires

Les 68 vols supplémentaires d’Air Algérie offrent globalement 5.816 sièges par semaine, dont 44 vols …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *