La Justice vient d’effectuer une double détente à la Christiano Ronaldo en libérant, à 24 heures d’intervalle, le jeune artiste provocateur Walid Kechida et l’ancien apparatchik du FLN, et non moins homme d’affaires, Mohamed Djemaï.
Walid Kechida n’a pas été acquitté mais seulement rendu aux siens avec une condamnation d’un an de prison, dont six avec sursis. Il reste donc emprisonné dans sa tête et étroitement contrôlé par les autorités. L’humour du jeune bloggeur et hirakiste a fortement déplu aux juges et aux premiers responsables de l’Etat qui, à la différence de ses congénères, son humour juvénile et mordant. Les mèmes qu’il publiait pour se moquer du personnel politique, y compris du président Tebboune, mais aussi d’un courant idéologique dominante dans la société sont entrés, malgré lui, dans les annales.
Même si sa libération n’est pas totale, elle a tout de même suscité un profond soulagement dans l’opinion algérienne et même à l’étranger. Walid Kechida, au même titre que Khaled Drareni, qui, lui, demeure en prison, sont devenus des icônes du combat pour la liberté d’expression.
Mohamed Djemaï, en revanche, a été absous de toutes les charges qui pesaient sur lui et, après une année d’incarcération, il a même le droit de demander maintenant réparation. Il peut aussi reprendre ses affaires, voire, occuper de nouveau le très convoité poste de secrétaire général du Front de libération nationale.
Il est encore jeune, libre de ses opinions, riche et apparemment encore soutenu par un réseau influent qui peut voir en lui un leader capable de secouer ce qui peut encore l’être dans le vieux parti.
Son épouse, en revanche, reste toujours en prison ce qui le garde sous une pression intenable. Mais cet animal politique qui en deux temps trois mouvements avait réussi à accaparer les feux de la rampe de la scène politique, en profitant du vide créé au FLN, après le déclenchement du Hirak ne semble pas en manque de ressources.
Quoi qu’il en soit, sa libération marque un tournant dans les procès fleuves qui visent depuis des mois le cheptel politique et l’aréopage du monde des affaires qui entouraient la présidence de Bouteflika.
Les semaines à venir promettent bien d’autres surprises dans un pays où tout bouge en même temps.
Mohamed Badaoui