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Il y a 20 ans, jour pour jour : quand Bab El Oued sombrait sous les flots

Ce jour-là, de puissants torrents qui descendaient, comme des rapides, des hauts de la capitale vers la baie charriaient des cadavres humains et d’animaux, des voitures, des camions et divers débris. Bilan : près de 800 morts, plus d’une centaine de disparus et 3 300 immeubles endommagés.  

Entre le 9 et le 10 décembre 2001, le quartier de Bab El Oued à Alger a été totalement submergé par les eaux. Des inondations dantesques ont provoqué la mort de près de 800 personnes, d’une centaine de disparus et des dégâts considérables évalués, au bas mot, à 5 milliards de dinars.

Les précipitations diluviennes dépassant 260 millimètres étaient, certes, impressionnantes mais ne suffisent pas à expliquer l’ampleur du drame qui a eu lieu dans ce quartier vétuste. La forte densité humaine et la négligence des autorités sont également à mettre à l’index. Il est vrai que la quantité d’eau tombée du ciel conjuguée au déchaînement de la mer fortement agitée ce jour-là était un scénario difficilement envisageable. Sauf que le manque d’entretien des évacuations de l’eau pluviale et la mauvaise occupation du sol ont amplifié l’impact des torrents qui se déversaient des hauts de la ville. Les flots charriaient tout sur leur passage : cadavres humains et d’animaux, voitures, camions et divers débris. Ils montaient par endroits à plus de 5 mètres. Près de 3 300 immeubles ont été ainsi sérieusement endommagés.

La concentration des bâtiments dans une commune, où les règles de l’urbanisme sont laxistes, a fait que les habitant ont été pris au piège et jetés, pour certains, à la mer. Selon une étude, les groupes de 100 constructions non séparées par plus de 200 m est passée de 61% en 1970 à plus de 86 % en 2001 à l’échelle du bassin versant de l’oued Koriche dont la surface n’est que de 10 km².

Bab El Oued ressemblait donc à un véritable étau surpeuplé et non aménagé pour une telle situation. D’ailleurs, un remake du «Samedi noir» comme il a été nommé plus tard a failli se reproduire l’année dernière.

Du lundi 7 au mardi 8 septembre 2020, des quartiers entiers d’Alger, des parkings, des routes et des tunnels, se sont retrouvés sous les eaux. Les autorités ont justifié la catastrophe par une grande quantité d’eau tombée en trois heures dont le volume équivalait, selon elles, à celui enregistré habituellement en un mois complet.

Le ministre des Ressources en eau de l’époque, Arezki Berraki, aujourd’hui en détention pour soupçons de corruption, avait alors annoncé que «la stratégie nationale de lutte contre les inondations, qu’avait élaborée le ministère des Ressources en eau en 2017, sera agrémentée d’un plan de travail national pour la prise en charge des risques d’inondation liés au changement climatique».

A l’instar de l’ensemble de la planète, l’Algérie n’échappe pas aux effets des changements climatiques. Toutefois, plusieurs manifestations du laisser-aller dans la gestion des villes peuvent être constatées à l’œil nu à l’échelle du pays : des négligences volontaires (abandon des gravats sur la chaussée, non-finition de travaux, par exemple), incompétence des entrepreneurs et des services techniques censés les contrôler. A cela s’ajoutent les conditions de passation des marchés dans l’opacité et souvent au détriment de l’intérêt général.

Dans ce cas, même si les inondations n’auront plus lieu, d’autres catastrophes naturelles se chargeront de faucher des vies et démolir des infrastructures. On se souvient, en effet, du séisme qui avait frappé la région de Boumerdès et d’Alger en mai 2003 ; un sinistre où sont mortes 2260 personnes. Juste après, la justice a poursuivi une quarantaine d’accusés : techniciens du contrôle des constructions, entrepreneurs et responsables de bureaux d’études, pour «homicide involontaire, blessures involontaires, fraude sur la qualité et la quantité des matériaux de construction et non-respect de la réglementation». Le pays n’est toujours pas à l’abri de tels agissements.

Mohamed Badaoui



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