Depuis sa construction vers l’an mille par Bologhine Ibn Ziri, la ville d’Alger n’a cessé d’attirer les amoureux et les prédateurs. Et après avoir longtemps régné sur la partie occidentale de la Méditerranée, elle est tombée sous une colonisation dont elle porte les stigmates jusqu’à aujourd’hui.
Cela fait mille ans qu’elle existe mais, avant de devenir une grande métropole, El Djazaïr a alterné la gloire et la décadence, la force puis l’occupation. Elle était dans l’antiquité un simple comptoir phénicien entouré de quelques maisons et dénommée, durant la période punique, Ikosim, l’île aux mouettes, puis Icosium à l’ère romaine ; des appellations qui ne font pas l’unanimité chez les spécialistes.
Quelques hypothèses aident à dessiner à grands traits la physionomie topographique et sociale de celle qui deviendra, des siècles plus tard, la capitale de l’Algérie indépendante. Son histoire demeure, cependant, enveloppée de mystère qu’elle délivre avec parcimonie.
De récentes fouilles archéologiques à la Place des Martyrs concomitantes aux travaux de construction de la station du métro ont révélé de nouveaux vestiges qui permettront de mieux éclairer son passé tumultueux. Des voies dallées romaines, des pavements en mosaïque d’une basilique du Ve siècle et une vaste nécropole byzantine renfermant 71 tombes du VIIe siècle y ont été exhumées.
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Des restes de la période ottomane ont également été découverts sur le site. Il s’agit des ruines de la mosquée « El Sayida », antérieure au XVIe, ainsi que du sol carrelé de « Beyt El Mal », siège du Trésor public ; tous deux rasés en 1832 au début de la colonisation française.
La ville, en tant qu’espace urbain plus ou moins cohérent, a vu le jour au tournant de l’an mille. C’est à Bologhine fils de Ziri, de la dynastie berbère Sanhadja, que l’on attribue la fondation de l’agglomération qui monte de la Méditerranée vers le ciel, en s’agrippant au versant nord-est du mont Bouzaréa.
Depuis, la nouvelle création n’a cessé de se développer malgré les soubresauts du Moyen-âge et attira prétendants et prédateurs. En plus de ceux qui venaient y vivre ou développer leurs affaires, d’autres cherchaient à la conquérir.
Vers 1509, les Espagnols s’emparèrent de l’un de ses îlots rocheux et l’assiégèrent pendant des années sans réussir à la prendre. Les autorités de la Médina firent alors appel aux Ottomans qui réussirent à chasser les intrus, mais subjugué par sa beauté Kheirreddine Barberousse assassina son souvrain Salim Toumi et usurpa son trône.
En 1541, Charles Quint tenta également sa chance, mais perdit l’essentiel de sa flotte dans les eaux houleuses lors d’une puissante tempête qui agitait fortement les eaux de la baie d’Alger.
La ville demeura ottomane jusqu’à sa colonisation par la France en 1830 et reprit son indépendance, après une longue lutte armée, en 1962 mais porte jusqu’à nos jours les stigmates de cette humiliation.
Chacune de ces étapes est inscrite à jamais dans ses murs, dans ses rues et dans son art. Même la culture et le comportement de sa population sont largement influencés par ces divers apports. Qu’elles soient violentes ou amicales, les traces laissées par tous ceux qui ont à un moment ou à un autre dominé Alger témoignent de la richesse des événements vécus par « El Mahroussa », la protégée de Sidi Abderrahmane Ethâalibi, son saint patron.
M.B.
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