Le butin de guerre (la langue française) selon la formule de Kateb Yacine vire à un magot très mal utilisé…Ce n’est plus une langue mais un « parler». Presque un patois. Dans cette brocante vocale ou écrite, le florilège est sans fin et l’accent tellement exotique.
Je travaille à «le putal Mustapha», (hôpital), dit une jeune fille à son ancienne copine. Je veux « un or d’œuf », à emporti, dit un jeune homme devant un resto reconverti en sandwicherie à Sidi Yahia. « C’était bien passé » les fiançailles de ta sœur », questionne une jeune fille super sapée.
«il y’a une petite vabo, pour vous laver les mains», nous dit le gargotier, chez qui on graillait avant le coronavirus ….Convaincu que lavabo s’écrit en 2 mots.
Pas très loin de nous, une brune ravageuse déclame à sa cousine qu’elle a envoyé son curriculum vitae, à une grosse boîte, pour faire carrière dans « l’odieux visuel»…La profession donne tout de suite la trouille ! Et le butin guerre de Kateb…finit en massacre phonétique couché sur CV.
Et puis le reste…C’est pas la pelle peine, j’étulise, j’émagine, bonne a pitté one, two, three…viva l’Algirée, et j’en passe. Dans les vitrines des commerces, c’est un florilège digne du Nobel de littérature. Triko, Pul, parpotisse,
(barboteuse), grenière (grenouillère) : les vêtements prennent les allures d’une étrangeté tricotée. Le tout dans un détachement inouï …c’est une boucherie en bandes lettrées. 30 ou 40 ans de massacres scolaires… Et le résultat est là, que voici : 2 verbes se suivent et le tout se met au définitif….irrémédiable !
Au commencement était le verbe juste…et au final un ver…tige à l’ombre des mots. One, two, three…Viva une Algirée qui s’emmêle les pinceaux dans une langue française qui confine aux hiéroglyphes.
Et La concordance des temps et des tons se mue en école buissonnière qui greffe définitivement la langue de Molière en froncé…sur les lèvres.