Le groupe “Ansar Allah” (les Houthis) au Yémen a revendiqué, dimanche et lundi, deux attaques contre un porte-avions américain en mer Rouge, affirmant qu’ils cibleraient également les navires marchands américains, en réponse aux frappes américaines contre le Yémen qui ont fait 53 morts, selon le ministère de la Santé qui leur est affilié.
Le leader des Houthis, Abdel Malik al-Houthi, a appelé ses partisans, dans un discours télévisé, à organiser lundi des manifestations “millions” à Sanaa et dans d’autres villes yéménites, pour protester contre les frappes, les premières sous la présidence de Donald Trump.
Face à cette escalade, l’ONU a appelé les États-Unis et les Houthis à cesser leurs attaques afin d’éviter de “s’aggraver les tensions régionales” entre Washington et le mouvement soutenu par l’Iran.
Les Houthis ont déclaré dans un communiqué sur Telegram, dans la matinée de lundi, “Avec l’aide de Dieu, nous avons ciblé pour la deuxième fois en 24 heures le porte-avions américain USS Harry Truman dans le nord de la mer Rouge avec plusieurs missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones, lors d’un affrontement qui a duré plusieurs heures”.
La chaîne Al-Masirah, affiliée aux Houthis, a rapporté dans la nuit de dimanche à lundi que la province de Hodeïda, sous contrôle des rebelles dans l’ouest du Yémen, avait été frappée par deux raids aériens américains, après des frappes similaires qui ont visé la capitale Sanaa et d’autres régions du pays.
La chaîne a indiqué qu’il y avait eu un “agression américaine avec deux raids visant un moulin à coton dans le district de Zabid” dans la province côtière de Hodeïda, qui avait déjà été frappée par des frappes israéliennes l’année dernière.
Les Houthis ont annoncé il y a quelques jours leur intention de reprendre leurs attaques contre les navires israéliens en mer Rouge, s’étendant jusqu’à la mer d’Arabie, jusqu’à “la réouverture des passages” et l’acheminement de l’aide vers Gaza.
Les Houthis, qui font partie du “front de résistance” soutenu par l’Iran, ont mené des centaines d’attaques contre des navires qu’ils disent liés à Israël en mer Rouge et dans le golfe d’Aden depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. Ils ont cessé ces attaques pendant un certain temps après le début de la trêve le 19 janvier.
La campagne continue
Le conseiller à la sécurité nationale américain, Michael Waltz, a annoncé plus tôt dimanche que les frappes menées par les forces américaines dans la nuit de samedi sur des zones sous contrôle des Houthis au Yémen avaient tué “de nombreux” dirigeants militants. Il a averti l’Iran qu’il devait cesser de soutenir les Houthis et leurs attaques contre les navires en mer Rouge.
Il a déclaré à la chaîne “ABC” que les États-Unis “ne tiendront pas uniquement les Houthis responsables, mais aussi l’Iran, leur soutien”.
Dans une autre apparition sur la chaîne “Fox News”, Waltz a déclaré que les frappes étaient “un avertissement à l’Iran que le verre est plein”.
Le ministre de la Défense américain, Pete Hegseth, a menacé dimanche de lancer une campagne de frappes “implacables” jusqu’à ce que les attaques des Houthis cessent.
Il a déclaré dans une interview sur “Fox Business” : “Je veux être très clair, cette campagne concerne la liberté de navigation et la restauration de la dissuasion”.
Hegseth a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à s’engager dans une guerre de longue durée au Moyen-Orient. Il a ajouté : “Nous ne nous soucions pas de ce qui se passe dans la guerre civile yéménite.”
Il a précisé : “Il s’agit d’arrêter les attaques contre les navires dans ce passage vital et de restaurer la liberté de navigation, ce qui est un intérêt national fondamental pour les États-Unis.”
Téhéran a répondu dimanche aux menaces américaines par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, sur la plateforme X, en disant que les États-Unis “n’ont pas le droit d’imposer” leur politique étrangère à l’Iran.
Le commandant du Corps des Gardiens de la révolution iranienne, Hossein Salami, a averti que l’Iran répondrait à toute agression dont il serait victime.
Il a déclaré dans des propos diffusés par la télévision d’État iranienne dimanche : “L’Iran ne déclenchera pas de guerre, mais si quelqu’un le menace, il répondra de manière appropriée, décisive et ferme.”
Le porte-parole du ministère de la Santé des Houthis, Anis al-Asbahi, a déclaré dimanche que le bilan final des frappes américaines était de “53 martyrs, dont 5 enfants et 2 femmes. Le nombre de blessés est de 98, dont 9 enfants et 9 femmes”.
À Moscou, le ministère des Affaires étrangères russe a indiqué que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, avait contacté par téléphone son homologue Sergueï Lavrov samedi, et lui avait informé que Washington avait décidé de frapper les Houthis.
Le ministère a précisé que Lavrov avait informé Pompeo de la nécessité pour Washington de “s’abstenir de recourir à la force” au Yémen et d’entamer un “dialogue politique”.
R.I