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En cas de fermeture du gazoduc Maghreb-Europe : le Maroc serait le seul perdant

Le P-dg du géant pétrolier a minimisé l’impact d’un éventuel non renouvellement de l’accord qui permet l’approvisionnement de l’Europe en gaz algérien via le pipeline qui traverse le territoire marocain. L’Algérie, dit-il, a pris ces précautions dès 2018.

Avec douceur mais fermement, le président-directeur-général du groupe Sonatrach a asséné hier un coup de massue à la tête de ses partenaires marocains qui ont diffusé la rumeur de la non reconduction du contrat du gazoduc Maghreb-Europe.

Toufik Hakkar a ainsi déclaré que même si l’accord n’est pas renouvelé, «il n’aura pas d’impact». Sa compagnie pourrait même répondre favorablement à une demande supplémentaire du marché espagnol.

L’éventuel arrêt de l’acheminement du gaz algérien par pipeline via le territoire marocain, vers l’Espagne, le Portugal et de là l’Europe de l’Ouest, sera compensé par Medgaz qui relie Béni Saf à Almeria. Cette canalisation permet le transport de quelque 10 milliards de mètres cubes par an. Hakkar a en outre évoqué le GNL comme autre palliatif à un manque à gagner qui découlerait d’une décision irréfléchie de la partie marocaine. «Nous avons les unités de liquéfaction de gaz dont les capacités sont disponibles», a-t-il affirmé. «Nous fournirons la demande espagnole sans problème».

C’est une manière de dire que le seul perdant de la fermeture de la voie de passage du carburant de Hassi R’mel vers l’Europe serait le royaume chérifien. Il perdrait ainsi quelque 7% de redevances sur le gaz transitant sur son territoire, soit entre 650 et 800 millions de m3 de gaz par an. Le Maroc tire d’autres avantages importants de ce tronçon de gazoduc long 540 km terrestres et 47 km sous-marins. C’est pourquoi, il est fort à parier que Rabat s’interdira de tarir cette manne qui en plus de produire un bon chiffre d’affaires, crée de l’emploi.

D’ailleurs, des articles parus récemment dans la presse marocaine commencent à tempérer les ardeurs des coupeurs de gaz au regard des conséquences de l’arrêt de l’écoulement de cette richesse produite dans le sous-sol algérien. Certains journaux ont même parlé de «rumeurs espagnoles» et annoncé la reconduction du contrat au mois de novembre. Une disposition en quelque sorte confirmée par le P-dg de Sonatrach qui a annoncé que «les discussions entre toutes les parties concernées par ce pipe sont en cours. Il n’y aucune décision qui a été prise à ce jour». Et pour enfoncer le clou, Hakkar a révélé que l’Algérie s’est préparée entre 2018 et 2019 «à tous les scénarios». Selon lui, «quelle que soit la décision qui sera prise concernant cette concession, elle n’aura aucun impact sur les exportations de Sonatrach».

L’agitation autour de cette question réside donc des considérants conjoncturels liés à des motifs d’ordre psychologiques que géostratégiques. Le voisin de l’Algérie a perdu son aplomb ces derniers temps, mélangeant politique et affaires. A cause d’un différend avec l’Espagne au sujet du dossier sahraoui, le Palais a pris des décisions que les observateurs ont qualifié d’incompréhensibles.

L’assaut mené par armée de jeunes migrants clandestins sur l’enclave de Ceuta, grâce au laxisme de la police du Makhzen, a accentué ce sentiment de perplexité dans toute l’Europe. D’ordinaire calme, peu porté sur les actions spectaculaires, et sur les démonstrations de force vis-à-vis des puissances étrangères, le régime alaouite semble pris d’un soudain accès de panique qui lui inspire des idées irrationnelles. Toutefois, au regard de la grave crise économique qui sévit dans son pays, il sait pertinemment que les caprices même royaux ne sont plus permis.

Mourad Fergad

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