Accueil / Economie / Selon le Think Tank algérien Care : l’Accord d’association algéro-européen doit être revu et corrigé

Selon le Think Tank algérien Care : l’Accord d’association algéro-européen doit être revu et corrigé

L’Algérie a peu profité de son association avec l’Union européenne. A plusieurs reprises, les plus hautes instances de l’Etat ont demandé la révision du traité. Une position que soutient une étude du Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise.

A moins de dix jours de l’ouverture du sommet Europe-Afrique qui doit se dérouler dans la capitale belge, Bruxelles, le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care), un Think Tank algérien a recommandé, hier, la révision de certains points de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE).

Dans une note de conjoncture intitulée “Accord d’association Algérie-Union européenne : surmonter les blocages”, l’organisme non gouvernemental a estimé nécessaire l’établissement d’un état des lieux susceptible de prendre en charge “les critiques récurrentes adressées à cet accord”. Un travail basé sur une analyse, secteur par secteur, clause par clause, pour arriver l’évaluation détaillée des échanges entre les deux partenaires et, partant, la mesure exacte de l’impact positif ou négatif du traité sur les deux côtés.

Pour ce faire, le Cercle préconise l’organisation d’un débat public au niveau des institutions officielles, telles que l’Assemblée populaire nationale (APN). Un argument cité par Care plaide, en effet, pour un tel remue-méninge. Il s’agit du lien entre les échanges commerciaux avec l’UE et la détérioration des équilibres de la balance commerciale et, partant, la balance des paiements de l’Algérie. “A ce stade, ce qu’il convient de retenir, c’est qu’aucun accord commercial préférentiel incluant l’échange d’avantages douaniers en matière d’accès au marché ne pourra être viable tant que les exportations algériennes resteront dominées par la mono-exportation d’hydrocarbures, des produits dont on sait dès le départ qu’ils ne sont pas éligibles à ces mêmes avantages douaniers”, souligne Care.

Signé en 2002, mais entré en vigueur en 2005, l’accord d’association Algérie-UE prévoit l’établissement d’une zone de libre échange en 2017 qui a été décalée à septembre 2020. L’Algérie a demandé la révision de cet accord pour préserver sa production nationale, mais sans renoncer à ce cadre d’association.

En septembre 2020, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait annoncé que l’Algérie allait “procéder à une révision du calendrier relatif au démantèlement tarifaire en fonction de ses intérêts économiques”.

En un mot, il ne faut pas sortir d’Oxford pour savoir que l’Algérie a peu gagné de son accord d’association avec l’Union européenne. Près de 17 ans après son entrée en vigueur, elle exporte essentiellement des hydrocarbures vers l’autre rive de la Méditerranée et en importe près de la moitié des ses besoins en équipements, en véhicules de transport et en produits agricoles et chimiques.

Déséquilibre commercial

Ces échanges inégaux se chiffraient en 2020 à plus de 27 milliards de dollars. Parmi les produits que l’Algérie importe de l’UE, les demi-produits constituent 44%, suivis des biens de consommation non alimentaires (20%) et les biens d’équipements industriels avec (19%), tandis que les autres groupes d’équipements leurs taux varient entre 0,7% et 6,7%. Les biens alimentaires consomment plus 152 millions USD, produits d’énergie et lubrifiants 394 millions, les produits bruts 390 millions, les équipements agricoles 42 millions, les équipements industriels 1 milliard USD.

En retour, l’Algérie a exporté vers l’UE en 2020 un volume de marchandises équivalant à un peu plus de 12 milliards USD et importé près de 13 milliards USD, dont 5,893 milliards dans le cadre de l’Accord d’association. Il en a résulté un déficit de la balance commerciale avec l’UE de près de 1,5 milliards de dollars.

En 2020, la balance commerciale de l’Algérie avec l’ensemble de ses partenaires étrangers a accusé un manque à gagner d’environ 10 milliards USD, un déséquilibre qui n’était couvert par les exportations qu’à hauteur de 69%.

Ce n’est évidemment pas la faute à l’Europe mais au vice rédhibitoire de la structure de l’économie algérienne qui n’arrive pas encore à se diversifier et ainsi augmenter ses recettes extérieures en écoulant sur les marchés mondiaux autre chose que les énergies fossiles.

Toutefois, force est de constater que l’association avec l’Europe ne lui a pas bénéficié pour prendre son élan et se moderniser. Car l’accord né des bonnes intentions inscrites dans le Processus de Barcelone (appelé aussi Partenariat Euromed) devait profiter à tous ses signataires. Institué en 1995 à l’initiative de l’UE et de dix autres États riverains de la mer Méditerranée (l’Algérie, la Palestine, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et la Turquie), il promettait d’aboutir à une véritable alliance des intérêts des partenaires. Il englobe aujourd’hui 27 États membres de l’UE et 14 pays du sud de la Méditerranée, du Moyen-Orient et des Balkans occidentaux, mais, sur le terrain, ses retombées sont peu perceptibles.

Mourad Fergad

A propos LA NATION

Voir Aussi

Pétrole : le Brent à plus de 86 dollars

Les prix du pétrole ont monté, ce lundi, poussés par les inquiétudes suscitées par la …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *