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Par Anouar El Andaloussi : la diversification économique, plus qu’un choix, une nécessité absolue.

Beaucoup de discours, beaucoup de débats et surtout beaucoup de spéculations stériles sur un sujet sérieux : la diversification de l’économie. Il y a ceux, comme à l’accoutumée, saisissant l’opportunité du discours politique sur la diversification des exportations, pour s’engouffrer dans une rhétorique très rodée : « il n’y a qu’à ». Il y a aussi ceux qui considèrent la diversification des exportations comme une mauvaise idée pour l’économie nationale, car disent-ils les secteurs potentiellement exportateurs sont ceux directement liés aux hydrocarbures et/ou dont les inputs sont fortement subventionnés.

L’indice de spécialisation de l’économie algérienne est l’un des plus élevés au monde. La structure des exportations et celle des importations, sur longue période, mettent en évidence une grande rigidité qui n’est qu’un révélateur de la faible diversification de l’économie résultant elle-même d’un retard de transformation structurelle. Des travaux empiriques ont souligné que les Etats on eu un rôle crucial dans la transformation structurelle des économies. Les expériences du « miracle asiatique » ont mis en évidence que grâce à des interventions, très peu compatibles avec les règles du marché, certains Etats ont su mener leurs économies vers des « chemins critiques » mais certainement vertueux, avant de laisser opérer librement les règles de la concurrence

Dans tous les cas la diversification des exportations passe nécessairement par la diversification de la production. Et c’est là où le bât blesse. En effet, les produits à exporter ne tombent pas du ciel, non seulement il faut les produire, mais aussi et surtout ils doivent être exportables, c’est-à-dire demandés par les marchés extérieurs. Pour cela, le produit exportable doit avoir deux attributs : une compétitivité prix (coûts) et une qualité conforme aux exigences des marchés extérieurs tant en valeur d’usage qu’en  conformité avec les normes du pays de destination.

Comme nécessité pour sortir de la forte concentration et de la dépendance des hydrocarbures, il faut y aller et vite. Ce n’est pas facile, mais le potentiel existe au sein de l’économie algérienne. Notre économie demeure prisonnière de la spécialisation primaire : exportation de matières premières. Il est certainement difficile de sortir d’une logique économique consistant à occuper une niche et se protéger des importations par des protections douanières ou même administratives. C’est quant le marché d’un produit local devient réellement concurrentiel que les producteurs s’engagent dans l’investissement, soit pour sophistiquer le produit, soit pour faire des économies d’échelle, soit encore pour intégrer la production en amont et/ou en aval.

Ce qui est en jeu et qui doit être considéré comme un vrai défi, ce n’est pas la diversification des exportations, mais d’abord la diversification de la production, car au final produire pour faire de la substitution aux importations est l’exact équivalent de la promotion des exportations au plan du solde de la balance commerciale. Mais au plan de l’économie globale, exporter plus est certainement un bon indicateur  de la compétitivité de celle-ci. Le marché domestique est une opportunité immense pour la diversification de l’économie avant d’investir les marchés extérieurs souvent complexes et très compétitifs. Les entreprises algériennes sont –elles compétitives pour aller sur les marchés internationaux ? La réponse peut être Oui comme Non. Celles qui bénéficient des subventions sur un facteur de production (principalement l’énergie) peuvent être compétitives si cet avantage est significative dans le coût de production ; c’est le cas notamment du ciment et de l’acier où l’énergie représente plus de 50% du coût de production (pour le Clinker, c’est autour de 55%). Pour les autres entreprises, celles qui comptent sur leur propre compétitivité intrinsèque (non facteurs), elles sont encore peu nombreuses et fragiles ; une entreprise n’est pas exportatrice parce qu’elle a réalisé une ou deux opérations d’exportation. La compétitivité non facteur (hors facteurs liés à une subvention, ou une ressources naturelle…) est difficile à construire et le marché domestique est le meilleur terrain pour s’entrainer, les économies d’échelles locales sont aussi un facteur de préparation à la compétitivité et à l’exportation. Il faut, toutefois, insister que la diversification économique passe nécessairement par une ré-industrialisation du pays. Les pays d’Asie ont gagné leurs compétitivités et leur diversification des exportation grâce à une effort d’industrialisation soutenu associé à une politique de substitution aux importations bien réfléchie, c’est-à-dire une politique qui protège la production nationale, mais pas trop  et surtout sans impacter les importations des inputs nécessaires à l’activité économique. La ré-industrialisation du pays requiert un effort considérable qui n’est pas du seul ressort d’un secteur, elle implique plusieurs secteurs et c’est pourquoi la coordination jouera un rôle important.

Peut-être le moment est venu pour ériger un Ministère de l’Economie afin de coordonner l’ensemble des dispositifs et des programmes destinés à cette politique de ré-industrialisation   qui est un préalable à la diversification de l’économie et des exportations.  Porter la part de l’industrie dans le PIB à 10/12% mérite bien une telle transformation institutionnelle.

A.E.A

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