Le documentaire sur le Hirak, mouvement d’aspiration au meilleur démocratique en Algérie, diffusé mardi soir par des chaînes de télévision publiques françaises, a suscité un vaste mouvement de réprobation et d’indignation des Algériens sur les réseaux sociaux, au point où des professionnels des médias ont assimilé la campagne médiatique annonçant sa diffusion à “une montagne qui a finalement accouché d’une souris”.
Conçue en deux séquences concomitantes sur deux chaînes de télévisions publiques, France 5 TV et La Chaîne parlementaire (LCP), relayées par France 24, cette orchestration politique, basée sur la diffusion de deux documentaires et de deux débats subséquents, avait été précédée d’une vaste campagne d’annonce, durant deux semaines, à travers l’ensemble de la presse hexagonale sur papier, en ligne et audiovisuelle, généraliste et spécialisée, toutes sensibilités confondues.
Cette campagne médiatique en est d’autant plus une vraie campagne de presse que les deux documentaires seront rediffusés plusieurs fois jusqu’à presque la fin du mois de juin. “L’échec en tous points de vue est aussi étendu que la lame de réprobation des Algériens du pays et de la diaspora”, a-t-on encore estimé.
Cette campagne de presse publique lancée en dehors de toute justification par l’actualité brûlante ou même décalée, a fait tomber les masques et traduis des desseins malveillants. Ceux d’une France officielle qui s’implique officieusement, de manière cyclique, dans l’anti-Algérie. Pour mieux encourager en sous-main le mouvement des plaques tectonique de la subversion portée par des forces marginales, a-t-on mis en avant dans les réseaux sociaux.
Les documentaires des deux chaînes de télévision publiques en question, notamment celui de France 5 TV, ont été donc perçus, comme une insulte au génie des Algériens et à leur profond patriotisme qui s’est exprimé sur une vaste échelle de la protestation et de la condamnation depuis mardi soir. Ils constituent également une “insulte profonde” au Hirak réduit à un “dérisoire mouvement de frustration” de jeunes en mal de vivre mais si peu représentatifs de la jeunesse algérienne et de leur société.
Par son contenu, son montage, les choix d’images et leur orientation, ainsi que les commentaires consubstantiels, le documentaire de France 5 TV, a-t-on encore soutenu, a été encore “plus offensant” pour le mouvement populaire Hirak rabaissé au rang de mouvement d’aspiration “à la consommation bachique et à un mieux-être sexuel affranchi de tous les codes de la morale publique et de l’éthique individuelle”.
Ce qui a amené ces observateurs à considérer ce documentaire comme “un affront et un outrage à un mouvement béni qui a sauvé l’Algérie, préservé la République et ses institutions et permis de neutraliser des réseaux transversaux d’agents d’influence mobilisés pour la défense des intérêts français et qui ont même financé la campagne électorale d’un candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019”.
C’est ainsi qu’on a estimé que cette campagne cathodique a considérablement nui au formidable mouvement d’aspiration démocratique, d’espérance sociale et d’exigence ardente de plus de dignité.
Cette campagne a montré, d’une certaine manière, que les ennemis stratégiques du Hirak sont ceux-là mêmes à l’étranger qui trouvent des points d’appui en différents groupes d’intérêts hétéroclites en Algérie pour les utiliser comme des chevaux de bataille pour déstabiliser l’Etat-national. Or, l’expérience d’une année d’expression pacifique du Hirak a révélé au grand jour que c’est justement l’Etat-national, représenté par les forces patriotiques et l’armée nationale populaire (ANP), qui ont assuré au mouvement sa vitalité et sa pérennité.
Il y aune certitude largement partagée aujourd’hui qui fait que “c’est l’Etat-national qui a protégé et accompagné le Hirak, dans le sens où il lui a permis de sauvegarder ce qu’il a de plus sain en son sein comme forces patriotiques et populaires. Celles-là même qui lui ont permis de survivre en dépit des alliances contre-nature de certaines forces politiques et du choc des intérêts catégoriels parfois inconciliables. Et qui ont aidé l’Etat-national a sortir renforcé des années de la déperdition et du délitement d’avant le 12 décembre 2019”.
Consacré “Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie” par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et appelé à être inscrit dans le marbre constitutionnel, le mouvement du 22 février culmina avec l’élection présidentielle du 12 décembre 2019.
La date est charnière car elle distingue deux protagonistes: ceux qui nourrissent des rêves coloniaux sous couvert d’apprentissage démocratique par la voie transitionnelle, également appelée constituante, d’une part, ceux qui aspirent au changement systémique par la voie pacifique et institutionnelle, d’autre part.
Pour la majorité des internautes ayant fustigé le documentaire en question, le néo-Hirak que les médias français s’efforcent de régénérer coûte que coûte s’inscrit franchement dans le prolongement de “bouleversements préfabriqués” contre-révolutionnaires fomentés par des médias relayant des ONG ayant pignon sur rue à Paris.
En espérant un divorce entre le peuple et la révolution nationale qu’il a enfantée et portée à son terme, les commanditaires du néo-Hirak restent ainsi fidèles à une vieille litanie néocoloniale qui stipule “qu’avant, c’était mieux” et que l’Indépendance n’a pas été au niveau des “bienfaits de la colonisation”.