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Inflation : la spéculation est l’arbre qui cache la forêt

La cherté de la vie dont se plaignent les Algériens ces derniers temps est la conséquence naturelle des manipulations financières opérées par autorités depuis 2014 pour juguler la baisse des revenus extérieurs du pays. Les spéculateurs n’ont fait que profiter de cette situation.    

Les Algériens de revenu moyen et modeste assistent, ahuris, à la flambée des prix des produits alimentaires. La pomme de terre devient le symbole de la chute de leur pouvoir d’achat qui ne cesse de se détériorer depuis environ sept ans. A près de 150 dinars le kilo, ce légume qui fait partie des aliments de base de la cuisine de subsistance algérienne revient dans toutes les discussions et augmente l’angoisse du lendemain chez les petites bourses.  

Emblématique mais pas le seul produit concerné par la hausse du prix, le tubercule suit la courbe ascendante qu’ont prise avant lui les légumes sec également fortement consommés particulièrement en hiver.

Pourtant l’agriculture algérienne a fait de très bons progrès ces dernières années et promettait de réaliser l’autosuffisance du marché au moins pour les légumes et les fruits cultivés en Algérie. Or, au moment où l’on se félicitait officiellement des capacités du secteur primaire à répondre aux besoins locaux et envisageait l’exportation de l’excédent à l’étranger, la mercuriale s’est mise à s’emballer.

Les autorités ont alors accusé les spéculateurs de créer volontairement la zizanie pour gonfler leurs bénéfices et, du même coup, poursuivre des objectifs politiques en mettant en difficulté le pouvoir en place. L’Etat a même remanié la loi en y incluant des peines pouvant aller de 30 ans à la perpétuité pour quiconque sera impliqué dans une manipulation artificielle des prix.

Evidemment, les spéculateurs existent de tout temps et en tout lieu depuis que le monde est monde. Ceux-ci ne peuvent cependant avoir de prise sur les choses que si une situation de rareté ou tout autre trouble leur en donne l’opportunité. C’est le cas de l’Algérie qui, pour compenser la chute de ses revenus extérieurs, a eu recours, dans la précipitation, à plusieurs techniques financières dommageables à ses grands équilibres.

La dévaluation à plusieurs reprises du dinar et l’utilisation du «financement non conventionnel» que d’aucuns nomment aussi «planche à billets» ont eu des répercussions directes sur la poche des contribuables. Le symptôme le plus évident de cette ingénierie s’appelle l’inflation. Il s’agit d’une réaction normale, parfois mécanique, qui conduit à l’augmentation générale des prix. On parle d’inflation lorsque la hausse des biens et services est globale. La monnaie, qui perd ainsi de sa valeur, permet dès lors d’acheter moins de produits que par le passé.

Selon les chiffres du gouvernement, l’inflation tourne autour de 3,7% et doit connaître une évolution négligeable en 2022. L’appréciation des cours du gaz et du pétrole devrait, si l’embellie se poursuit, desserrer quelque peu l’étau sur l’Algérie. Toutefois, un nouvel effondrement des finances publiques en cas d’une nouvelle baisse de la demande sur le carburant dans le monde donnera le même résultat que celui qui prévaut depuis 2014.

Etant quasiment mono exportateur et grand importateur, le pays sera toujours affecté d’une vulnérabilité structurelle tant qu’il ne revoit pas son modèle de développement. Les pouvoirs publics ont, certes, multiplié ces derniers temps des déclarations sur la nécessité d’encourager les exportations hors hydrocarbures mais il faudra du temps pour s’imposer sur les marchés internationaux où la concurrence est rude.

Il est vrai que l’Algérie possède de nombreux atouts dans divers domaines notamment minier et touristique, mais ce potentiel demeure en jachère et n’intéresse, semble-t-il, même l’investissement direct étranger. L’autre maladie qui handicape l’économie algérienne est sans conteste l’étouffante bureaucratie qui décourage les volontés les mieux déterminées.

La conjugaison de tous ces éléments additionnés à la faible productivité des entreprises et à leur manque de rigueur en matière de contrôle de la qualité empêche le made in Algeria de s’imposer comme alternative à l’exportation des hydrocarbures.

Mohamed Badaoui  

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