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Climat social : le ramadan risque de coûter cher cette année

Il reste une semaine avant le ramadan. Le mois sacré est en même temps un moment de piété et une période de grande consommation qui révèle les profondes disparités économiques qui séparent les Algériens.

La pression monte. Les chefs de ménage se préparent à l’une des plus grosses dépenses de l’année et certains sont déjà sur le grill. L’érosion du pouvoir d’achat depuis des années a accéléré l’appauvrissement des larges franges de la population. Témoin, le versement, dès aujourd’hui, de l’allocation chômage à plus d’un demi-million de primo-demandeurs et autant attendent l’acceptation de leur dossier pour recevoir une enveloppe d’aide de 13 mille dinars. Environ 36 % des bénéficiaires sont des diplômés universitaires et 20 % sortent de la formation professionnelle contre 44 % qui n’ont aucune qualifications.

La chute du dinar sur plusieurs exercices puis la pandémie et ses conséquences sur l’économie ont considérablement affecté les rentrées des travailleurs autonomes, particulièrement ceux qui vivent d’informel, et également les petits commerçants.

D’autre part, le recrutement de nouveaux employés a connu un coup de frein brutal et les personnes qui sont arrivés ces derniers temps sur le marché de l’emploi vont avoir beaucoup de peine pour dénicher un travail. La contraction de l’activité de certaines entreprises et le dépôt de bilan pour d’autres ont réduit drastiquement l’offre de postes de travail pour les primo-demandeurs.  

En février, une enquête du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) a révélé que, en moyenne, les entreprises algériennes ont perdu 50% de leur chiffre d’affaires en 2020, à cause du Covid-19. Il s’agit, en majorité de PME, selon la même étude qui indique que les services, notamment le transport (90%) et la manufacture ont été les plus lésés. 93% des entreprises interrogées ont noté des difficultés à commercialiser leurs produits et 63% ont dû opter pour un arrêt total de l’activité à cause du confinement ou l’absence de clients. De plus, 11% des entreprises interrogées affirment avoir été touchées par le confinement du personnel et le manque de transport, tandis que 8% ont mis en avant des problèmes de financement en parallèle au gonflement de leurs dettes.

Ce mini crash a lieu dans un contexte mondial déjà très tendu. Les tarifs du transport maritime et aérien de marchandises connaissent une montée en flèche et renchérissent ainsi les coûts des importations. Cette situation risque de s’aggraver avec l’appréciation rapide de l’énergie avec la guerre en Ukraine et la reprise des usines asiatiques.

Résultat, les prix des produits de large consommation flambent passant, pour certains, du simple au double et parfois au triple. Le microclimat du ramadan risque d’exacerber cette tendance faisant que les petites bourses auront du mal à remplir le couffin.

La félonie d’une partie des mandataires en fruits et légumes ainsi que la malhonnêteté de certains négociants spéculateur va gonfler davantage la facture dont s’acquitteront les pauvres durant le mois de jeûne.  La première semaine de cette période connaît habituellement une inflation artificielle mais cette année, toute hausse serait difficilement supportable.

Mohamed Badaoui

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