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Autobus privés : le voyage à tombeau ouvert

Les accidents de la route impliquant des autobus sont nombreux et généralement les plus meurtriers. Les passagers qui empruntent les transports publics privés sont souvent conduits par des chauffeurs mal formés et parfois psychologiquement atteints.

Dix personnes sont mortes et quarante-deux ont été blessées dans un terrible accident de la route survenu hier vers 3h45, à Boutouil, un lieudit de la commune Djenine Bourezg, dans la wilaya de Naâma.  La tragédie a été causée par le dérapage puis le renversement d’un bus de voyageurs assurant la liaison entre Tiaret et Tindouf. Huit passagers (7 hommes et une femme) sont décédés sur place tandis que deux ont péri à l’hôpital des suites de leurs blessures.

Cet énième drame s’ajoute à l’hécatombe qui, régulièrement, endeuille les familles algériennes. Rien que durant le mois en cours, plus de 26 voyageurs ont perdu la vie dans 12 accidents d’autocar à travers l’ensemble du territoire et des dizaines ont subi des blessures parfois très graves.

La fréquence des collusions, des dérapages et des renversements des navettes privées pose la question de leur conformité avec la réglementation. La formation, le rythme de vie et le profil psychologique des conducteurs est également à souligner.

Officiellement, la majeure partie des accidents est attribuée par les statistiques des services de sécurité et de la Protection civile au facteur humain. Or, tous les usagers des bus au long cours ou entre les périphéries et le centre des grandes agglomérations assistent souvent à des comportements quasi suicidaires de certains chauffeurs.

Plusieurs vidéos diffusées par des particuliers sur les réseaux sociaux ont montré la folie de certains pilotes. Les uns roulent à tombeau ouvert, les autres multiplient les manœuvres et les dépassements dangereux. Un document filmé a même mis en scène l’un d’eux lâcher le volant pour danser sur un air entraînant. Des habitués des longs trajets savent que, souvent, ils confient leur vie à des irresponsables pressés d’arriver à destination.

Les chauffeurs, rapportent des témoignages, dorment peu (trois ou quatre heures) entre deux déplacements de plusieurs centaines de kilomètres. Plus grave, des connaisseurs affirment que des transporteurs qui se droguent avant et même pendant le service pour supporter la difficulté de leur métier.

Sur le site du ministère du Transport, le fléau est totalement passé sous silence. Il n’a pas été possible, non plus, de trouver des normes que doivent réunir les privés avant d’être autorisés à convoyer des êtres humains. Le lien se trouvant sur la page de la Direction du transport terrestre renvoie à la loi sur l’aviation.

Pourtant, il suffit aux responsables de monter dans les minibus qui circulent entre le centre-ville de la capitale et ses faubourgs pour se rendre compte que la plupart des chauffeurs ne sont pas habilités à exercer leur fonction.

En dépit de ces dysfonctionnements et des nombreux accidents les autorités semblent indifférentes ou résignées car une perturbation du secteur risque de paralyser le pays.

Mohamed Badaoui 

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