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Une priorité : l’industrialisation du pays

Il n’est pas besoin de lire les données pour noter la faible industrialisation du pays. Plus grave encore, certains pôles industriels de premier plan au cours des années 70 et 80 ont connu un désinvestissement au cours des dernières années, c’est le cas notamment du pôle d’El-Hadjar (sidérurgie), de Skikda (pétrochimie) de Rouïba (Mécanique), de Sidi Bel Abbes (électronique) et d’autres, particulièrement dans le textile et les cuirs.  Il est vrai aussi que de nouveaux pôles ont émergé au cours des 20 dernières années grâce à l’investissement privé (Sétif, BBA, Bejaia, Blida, Ghardaïa, Ouargla, Oran….). Mais la vocation des premiers pôles d’industrialisation de créer une dynamique et des effets d’entrainement sur les autres secteurs a été ralentie voir rompue au profit des importations de biens industriels finis ou comme intrants. 

Globalement, la contribution de l’industrie (hors hydrocarbures) au PIB a chuté de 12% dans les années 90 à moins de 5% aujourd’hui. Seules deux ou trois filières donnent des résultats satisfaisants en termes d’emplois et de valeur ajoutée (industries agroalimentaires, matériaux de construction et la petite chimie).

Deux conclusions s’imposent : d’une part, le volume important d’investissement dans les infrastructures économiques (énergie, routes et autoroutes, chemins de fer, portuaires et aéroportuaires, hydrauliques, télécoms, …) n’a pas été suivi par l’investissement économique productif, ce qui laisse apparaitre qu’il y a surdimensionnement des infrastructures, ce qui est faux, ce qui rend difficile son entretien au plan budgétaire si l’activité économique ne s’est pas développée. D’autre part, sur les territoires, les activités industrielles, autrefois une source d’emplois, de fiscalité locale et de perspectives de promotion sociale, ne se sont pas développées ou ont disparues (lorsqu’il s’agit de certaines unités du secteur public). 

Au final, le poids de l’industrie (capital investi ou chiffres d’affaires, ou valeur ajoutée) rapportée à la population ou à la superficie du pays donne des taux extrêmement faible, sans parler de la forte concentration des activités industrielle sur le Nord, alors que les hauts plateaux et le Sud sont des déserts industriels.

Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de mettre en place un Plan National d’Industrialisation du Pays axé sur des choix pertinents en termes de filières et de territoires dans une perspective de valorisation des ressources naturelles et d’équilibrage des territoires.

Peut-on parler de diversification économique en général et de diversification des exportations sans une taille critique de l’industrie dans l’économie nationale ? Comment faire la substitution aux importations ? ou comment profiter des différentes zones de Libre Echanges sans une industrie florissante ?

Les opportunités de l’investissement dans l’industrie sont aujourd’hui présentes : investissement dans la production des équipements et autres composants pour les besoins des énergies renouvelables, pour la transformation numérique, pour la sécurité alimentaire et hydrique, etc… Sinon on continuera à importer des équipements et des matériaux au nom de ses priorités nationales (Sécurités et/ou Souveraineté), mais au final nous serons encore plus dépendants.

Sans une véritable politique nationale d’industrialisation impliquant tous les acteurs, particulièrement l’Etat dans la définition d’une politique d’orientation axée sur des incitations fortes (budgétaires, fiscales, administratives, …), nous risquons de poursuivre la désindustrialisation du pays.  Il y a une nouvelle loi sur l’investissement (juin 2022) et après ? Construisons autour d’elle un plan national d’industrialisation solide. Un plan qui sera bâti par des équipes mixtes et par filières (fonctionnaires, chefs d’entreprises, experts, etc.) et qui partira d’une image réelle des relations interindustrielles pour chaque filière et identifier les faiblesses et par chaines de valeurs pour en déduire les segments à compléter dans une démarche d’intégration industrielle nationale. A partir de ce diagnostic industriel et non administratif, une politique d’incitations sera mise en place pour des programmes à objectifs arrêtés à des échéances réalistes. Il appartient ensuite aux opérateurs de tous statuts de s’organiser en clients-fournisseurs, en joint-ventures, en coproductions, en partenariat, en coopératives, une façon de délier et diluer les conceptions patrimonialistes et égoïstes qui laissent en « jachère » des capacités de production installées au nom des droits de propriété. Le capital investi appartient à l’entreprise et non à son propriétaire. 

Anouar Al-Andaloussi

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