L’annonce a pris tout le monde par surprise. Dans une allocution télévisée en direct ce mardi 3 décembre, qui n’était pas prévue au programme, le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, a déclaré la loi martiale, affirmant que cette mesure était nécessaire pour protéger le pays des “forces communistes nord-coréennes”. “Pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État (…) je déclare la loi martiale d’urgence”, a asséné le dirigeant conservateur. Il accuse les opposants de préparer une “insurrection” et de “chercher à renverser la libre démocratie”.
C’est la première fois que la loi martiale est promulguée dans ce pays de 51 millions d’habitants, depuis une insurrection contre le régime militaire en 1980. Le chef de l’opposition, Lee Jae-Myung, l’a aussitôt jugée “illégale”.
Blocage politique
Ancien procureur général, Yoon Suk Yeol a été en conflit ouvert avec l’opposition, qui contrôle le Parlement, depuis son élection à la présidence en mai 2022. Dans son discours télévisé, il accuse le camp adverse d’utiliser sa majorité pour destituer ses ministres et bloquer les projets budgétaires de son gouvernement, ce qui aurait “paralysé l’administration”.
Son allocution surprise intervient alors que le Parti du Pouvoir au Peuple continue de batailler avec le principal parti d’opposition, le Parti Démocrate, sur le projet de budget de l’année prochaine. Les députés de l’opposition avaient approuvé la semaine dernière, à travers une commission, un programme budgétaire considérablement réduit.
Le Parlement bouclé
“Tous les médias et les publications sont sous le contrôle du commandant de la loi martiale”, a déclaré le général Park An-soo, nommé à ce poste, selon le New York Times (nouvelle fenêtre). Ceux qui violeraient le décret peuvent être arrêtés sans mandat d’arrêt, a précisé le militaire. La décision de promulguer la loi martiale aurait été prise par un cercle très restreint autour du président, selon des informations rapportées par Libération (nouvelle fenêtre).
Le leader du parti au pouvoir en Corée du Sud, Han Dong-Hoon, considéré lui-même comme un protégé de Yoon, a critiqué la décision, la jugeant anticonstitutionnelle, et estimant qu’un vote parlementaire suffirait à l’abroger. Mais quelques heures après le discours du président sud-coréen, l’accès au Parlement était interdit d’accès. “L’imposition illégale de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol est invalide”, a déclaré le chef de l’opposition, Lee Jae-myung. “Venez à l’Assemblée nationale maintenant. Je m’y rends également”, a-t-il ajouté, exhortant les citoyens à se joindre à lui pour s’opposer à la loi martiale. Des heurts ont été observés autour de l’enceinte dans la foulée de son bouclage, entre des policiers et des manifestants, tandis que des militaires arrivent en renfort.
Selon CNN (nouvelle fenêtre), 190 parlementaires présents dans l’enceinte, sur les 300 que compte l’Assemblée, sont parvenus à tenir un vote, réclamant la levée immédiate de la loi martiale.
Les États-Unis ont déclaré “suivre la situation de près”, tandis que la Chine a appelé ses concitoyens en Corée du Sud à la “prudence”. Dans un communiqué, l’ambassade chinoise conseille à ses ressortissants “de rester calmes, de renforcer leur vigilance en matière de sécurité, de limiter les sorties inutiles et de faire preuve de prudence lorsqu’ils expriment des opinions politiques”.
Agences