Accueil / Conjoncture / Il ya quatre ans, Hocine Ait Ahmed tirait sa révérence

Il ya quatre ans, Hocine Ait Ahmed tirait sa révérence

Evocation

Il ya quatre ans, jour pour jour, le grand militants de la cause nationale, Hocine Ait Ahmed a tiré sa révérence.  L’une des dernières grandes figures historiques du mouvement national et de la Révolution, est décédée le mercredi 2015 à l’âge de 89 ans.

Il est parti sans jamais avoir cédé, ni renié sur les principes qui ont guidé son parcours depuis son adhésion au PPA au milieu des années 40.

C’est au sein du parti du peuple algérien (PPA) qu’il s’affirme très jeune en proposant la création de l’Organisation secrète (OS), pensée et destinée à préparer la Révolution armée et dépasser les clivages et les tiraillements qui minaient alors le Mouvement national. Héritant de sa direction en remplacement de Mohamed Belouizdad, il signe un premier fait d’arme : l’attaque de la poste d’Oran.

Ait Ahmed s’installe en 1952 au Caire et représente le PPA-MTLD en exil. Convaincu de la pertinence et de l’efficacité du travail diplomatique, il sillonne plusieurs pays de l’Asie pour plaider la cause de la Révolution algérienne. En 1955, il dirige la délégation du FLN à la conférence de Bandung où il réussit à faire accepter, par les pays participants, le droit des peuples du Maghreb à l’autodétermination.

En septembre 1956, il ouvre et dirige le bureau du FLN à New-York avant d’être arrêté un mois plus tard par les autorités françaises dans le premier acte de «détournement d’avion dans l’histoire» en compagne de Ben Bella, Lacheraf, Boudiaf et Khider alors qu’il se dirigeaient à Tunis depuis le Maroc.

Emprisonné avec ses compagnons dans la prison de la Santé en France, Ait Ahmed n’interrompra pas ses contacts avec les dirigeants du FLN jusqu’à sa libération. Ayant pris la mesure des graves divergences qui minait la direction, en raison notamment des résolutions du Congrès de la Soummam, il plaida pour la création du GPRA.

Attaché à la légalité et à la démocratie, il s’oppose au coup de force de l’État-major militaire à l’été 1962. Après avoir démissionné de l’Assemblée nationale constituante, ayant constaté des dérives totalitaires, il décide alors de créer le Front des forces socialistes (FFS) en 1963. Ait Ahmed sera emprisonné. En 1966, il s’évade de la prison d’El Harrach dans des circonstances à ce jour entourées de secret et s’exile en Suisse d’où il poursuivra son militantisme pour la démocratie et les droits de l’Homme en Algérie.

Grâce à l’entremise de son ami et conseiller, ancien formateur au MALG et avocat émérite, Ali Mecili, Ait Ahmed scelle une réconciliation en 1985 à Londres avec Ben Bella. Un rapprochement qui n’était pas du goût d’Alger. Mecili sera tué deux années plus tard par un truand et Ait Ahmed pointe du doigt les services d’Alger, avec la complicité des services français, d’être derrière l’assassinat. À l’ouverture démocratique en 1989, Ait Ahmed rentre au pays, avec un accueil digne des grands chefs d’État et le FFS est reconnu officiellement. Après l’arrêt du processus électoral en 1992, peu après le premier tour où son parti est arrivé derrière le FLN et le FIS, Ait Ahmed organise une marche grandiose le 2 janvier. Ait Ahmed plaide pour la poursuite des élections. Mais les militaires décident d’annuler le scrutin.

Après l’assassinat de Boudiaf en 1992, Ait Ahmed repart en exil pour ne revenir qu’en 1999 pour participer à l’élection présidentielle, mais à laquelle il renonce à la dernière minute en compagnie de cinq autres candidats.

Entre-temps, il prend part à la conférence de Rome. Ayant constaté le refus du pouvoir à toute forme d’ouverture, Ait Ahmed écrit un mémorandum au début des années 2000 où il dévoile sa vision d’une sortie de crise. Il ne connaîtra aucune suite.

Même si son premier problème de santé en 1999 l’avait quelque peu affaibli, Ait Ahmed ne manquait pas de revenir de temps à autre au pays pour retrouver ceux avec lesquels il partageait la même vision : Mouloud Hamrouche et le défunt Mehri.

Au fil de sa maladie, ses interventions devenaient de plus en plus rares, l’âge aidant et ses AVC révélés par sa famille ont sans doute fini par l’affaiblir davantage. Même s’il a écrit beaucoup de livres, donné beaucoup d’entretiens, milité sans relâche en faveur de la liberté de ses concitoyens, Ait Ahmed n’aura pas eu la chance de voir l’Algérie qu’il a rêvé et pour laquelle il a sacrifié sa vie.

Mais il a été une grande école. « Le militant politique n’est pas un faiseur de miracles. Ni un gladiateur des temps modernes. Il est au mieux et quand les conditions de sa société le permettent un citoyen conscient des enjeux du moment,» disait-il.

R.N

A propos LA NATION

Voir Aussi

Conseil des Participations de l’État : accord pour l’ouverture partielle du capital d’une autre banque publique

Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a présidé ce mercredi une réunion du Conseil des Participations …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *