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“En vrac” par Madjid Khelassi : Mémoires hexagonales  

8 mai 1945…il y’a 76 ans le monde se libérait du nazisme. Ça et là, on fêtait la victoire des alliés qui consacra la fin de la 2e guerre mondiale. Ne voulant pas être en reste, les algériens, dont 150 000 d’entre eux participèrent à la guerre, se mirent au diapason de la liesse mondiale et sortirent fêter l’événement.

Mais à Sétif, Guelma et Kherrata, ce jour fut le plus atroce de l’existence des populations algériennes.  Le 8 mai 1945, fête de la libération du joug nazi, voit la France réaffirmer dans le sang, sa domination coloniale.

À Sétif, 8 mai 1945, 8 heures du matin…10 000 personnes  manifestent et entonnent « Min Djibalina » et autres revendications nationalistes. La police réprime en tirant sur la foule.

Un jeune homme portant le drapeau à étoile rouge et périmètré de vert et blanc est abattu. Bouzid Saal, 22 ans est la première victime d’un massacre qui atteignit les proportions d’un pogrom.

A  Kherrata, l’horreur fut « agrémentée » par le feu nourri provenant d’un  bateau-croiseur, qui décima des villages entiers.

A Guelma, le sous-préfet Achiary génocida la fine fleur de la population guelmie.

45 000 disent les chiffres…que conteste la France coloniale.

Kateb yacine, alors lycéen à Sétif, écrit : «c’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais 20 ans. Le choc que je ressentais devant l’effroyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là  se cimenta mon nationalisme ».

Le 8 mai 45 en Algérie, fut mis sous le boisseau du déni et du révisionnisme jusqu’en 2005 où l’ambassadeur de France à Alger  H. Colin de Verdiére , en visite à Sétif qualifia le massacre du 8 mai 1945 de « tragédie inexcusable ».

2021 : le Story Stora, -essai macronien encombré d’éthos gaulois sur la mémoire coloniale-, n’effleura même pas le massacre du  8 mai 1945.

Jusqu’à quand s’escrimeront les « mémoires hexagonales » à réifier les abus de la France coloniale jusqu’à les rendre civilisatrices ? La traversée des miroirs mémorielles françaises  est toujours conditionnée par l’élasticité d’un déni…qui empêche la Gaule moderne de se retourner sur son passé.

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