
L’investiture du 47e Président des USA est un événement majeur de ce début d’année. Le discours d’investiture a été d’une violence extrême aussi bien sur les questions géopolitiques que celles économiques ; l’Amérique doit rester (ou redevenir) la première puissance économique. « L’âge d’or de l’Amérique commence maintenant » est la première phrase qu’il prononce. Il déclare la guerre au monde entier mais n’a cité que deux pays : le Mexique pour les problèmes d’immigration et prévoit à la fois un mur de protection, des forces de sécurité et des expulsions massives.
Le Panama est visé pour son canal que Trump considère comme un investissement américain et qu’il faut récupérer pour ne pas le laisser à la disposition de la Chine qui en tire d’énormes profits. Il annonce un protectionnisme musclé pour la prospérité des américains, dit-il, en imposant des taxes aux marchandises qui viennent de l’étranger sans citer les pays concernés. Il a dans son viseur le Mexique et le Canada (qui partage une zone de libre échange), mais aussi l’Europe et surtout la Chine. Il crée un ministère des revenus extérieurs (qui comprennent les recettes fiscales sur les importations).
Le cœur de son discours, au plan économique, est son appel aux pétroliers américains : « Forez, forez et encore forez pour assurer la suprématie américaine ». Il ajoute que l’indépendance énergétique de l’Amérique est un objectif stratégique ; il décrète un état d’urgence énergétique. Il intègre dans sa stratégie les hydrocarbures là elles se trouvent. Les USA ont toujours fait des hydrocarbures et du dollar les facteurs de domination du Monde. Cette nouvelle stratégie pétrolière aura des conséquences sérieuses sur les marchés mondiaux du pétrole.
Comme il veut rendre abondante l’énergie pour baisser son prix pour les américains, il doit influencer les marchés vers une baisse grâce à une production additionnelle interne et un contrôle sur le pétrole du moyen orient. Il faut s’attendre à une chute des prix du pétrole dans les mois à venir. Il fait un chantage à l’Europe : ou vous achetez le pétrole et le gaz américains, ou exportations vers l’Amérique seront fortement taxées ; elles sont estimées à plus de 500 Mds d’Euros.
La voiture électrique sera américaine ou elle ne le sera pas. Le message est d’empêcher les Chinois, qui ont une avance considérable dans ce domaine, d’exporter ces voitures en Amérique. Par ailleurs, Elon Musk (propriétaire de Tesla ) sera l’homme de la voiture électrique américaine.
Enfin, toujours sur le registre économique, il crée un Ministère original, celui de l’efficacité gouvernementale et il nomme à sa tête un homme d’affaires (Elon Musk). Voilà un ministère qui a sa place dans les gouvernements des pays en développement.
Trump est allé très loin dans sa démarche en privatisant la politique. Désormais ce sont les hommes d’affaires qui opèrent sur tous les plans économiques et même politiques. Quatre hommes se distinguent en particulier dans ce nouvel aréopage : E. Musk (X), Jeff Bezo (Amazone), Zuckerberg (Groupe Meta) et Cook (Apple). Ce sont tous des GAFAM, c’est-à-dire des entrepreneurs de la Tech.
Trump, un populiste ? Rien n’est moins sûr. C’est un homme d’affaires et à ce titre il voit tous les problèmes de l’Amérique sous l’angle économique et même plus sous l’angle du coût et de la rentabilité ; chaque action est évaluée sur son coût ou son profit. Ainsi les subventions, les aides aux pays en développement vont subir des coupes sérieuses. Il est connu que le monde des affaires est un monde de violence ; mais cette violence est partagée et limitée aux Business, mais lorsque l’homme d’affaires est à la tête du pays le plus puissant économiquement et militairement, les violences risquent d’être sans limites ni éthiques ni morales.
En même temps, les affaires ont besoin de paix dans le monde et le capital ne s’accommode pas de contraintes et surtout de contraintes liées aux conflits entre pays et la libre circulation des marchandises. Il reste toutefois de considérer que l’Amérique est une grande démocratie où les pouvoirs et les contre-pouvoirs arrivent à s’équilibrer pour garantir la continuité de la puissance de l’Amérique.
Si par contre, Trump est un populiste, la puissance américaine sera utilisée dans le sens d’une destruction non créatrice. La réponse d’un ministre chinois aux déclarations de Trump sur le commerce mondial sonne comme un rappel à l’ordre : «Les guerres commerciales n’ont pas de vainqueurs».