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“En vrac” par Madjid Khelassi : la transhumance

Il ne se passe pas un mois voire deux , sans que l’on assiste au joujou préféré du sérail…en l’occurrence le jeu des chaises musicales. 

Mouvement dans le corps des ambassadeurs, des magistrat, des walis, des chefs de régions, des chefs de sûreté de Wilaya,  des commissaires de la PAF, des chefs de Daira…C’est une valse à mille temps qui fait  danser les carrières, chanter les regrets, et stopper ou doper les ambitions, c’est selon.

Mouvement, dit-on de cette farandole qui mène au placard ou au firmament. Soit la carrière part en sucette soit elle est confortée. 

X commis est appelé à d’autres fonctions: la formule d’un laconisme très soviet-suprême , dit l’excès de la disgrâce dans la violente impuissance des non-dits. 

Les dégommés font leurs cartons avant la passation de consignes…puis salamalecs avec le successeur. 

Moment cruel où les visages deviennent masques…Masque triste presque de cire du congédié et masque jovial presque celui de Banania du successeur.

Ballet permanent , le jeu des chaises musicales est une mécanique bien huilée, très caractéristique du système politique algérien, qui fonctionne avec 2 modes uniquement  : recyclage et dégommage. C’est comme une guillotine sans le sang qui gicle. Mais avec des effets dévastateurs.

Bienvenu au placard…Désert glacial ou gît dorénavant une carrière gelée. 

Commence alors une traversée du désert, où on ne croisera que les têtes qui se détournent. Vampirisme sans nom, la cruauté du jour d’après, est sans pareille. 

«Merci de nous rappeler votre nom, on vous rappellera»…le summum de la disgrâce est atteint quand vous essayez de vous rappeler au bon souvenir de votre successeur. 

Au suivant…Nous sommes le pays qui a le plus consommé de commis au monde. Nous sommes la peau de banane et la trappe mangeuse d’hommes à la fois. 

Des centaines voire des milliers…de ministres, d’ambassadeurs, de walis, de juges, de hauts gradés dans tous les corps, ont été appelés à d’autres fonctions depuis 1962 sous le joug des rapport de forces. Et c’est toujours au suivant ! Plus que jamais.

Finalement, la mécanique des nommés- congédiés est une hideuse transhumance politique, qui a juste la pudeur de ne pas dire son nom.  

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