Lors de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville (Espagne), le président de la république, Abdelmadjid Tebboune a livré un message en faveur d’une réforme profonde du système financier mondial. Son allocution, lue par le Premier ministre Nadir Larbaoui lors de la séance plénière, a mis en lumière les inégalités persistantes et les défis majeurs entravant le développement durable, notamment en Afrique.
Dans un contexte international marqué par l’aggravation des conflits, l’impact du changement climatique et l’alourdissement du fardeau de la dette, le président Tebboune a dénoncé un ordre économique mondial devenu inadapté. Il a souligné que le système actuel perpétue des déséquilibres structurels et marginalise les pays en développement, compromettant leurs chances d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.
L’Algérie plaide pour un tournant décisif dans la gouvernance financière mondiale. Le président a appelé à des mesures concrètes, audacieuses et inclusives, notamment à travers l’intégration pleine et entière des pays du Sud dans les instances décisionnelles des institutions financières internationales. Il a souligné que ces réformes doivent refléter la nouvelle réalité d’un monde multipolaire.
L’Afrique au cœur des préoccupations
Abdelmadjid Tebboune a particulièrement insisté sur la situation alarmante du continent africain, confronté à des difficultés de financement, à une dette croissante et à des taux d’intérêt prohibitifs. Il a appelé à des initiatives mondiales d’urgence pour alléger, voire annuler la dette de certains pays africains.
Le chef de l’État a également dénoncé les biais des agences de notation financière, dont les évaluations pénalisent injustement les pays du continent. Il a salué la création d’une agence africaine de notation indépendante, qu’il a exhorté à rendre opérationnelle rapidement.
Vers une coopération plus équitable
Par ailleurs, le président Tebboune a critiqué les conditionnalités rigides imposées par les bailleurs de fonds, qui limitent l’efficacité de l’aide au développement. Il a plaidé pour des approches plus souples et adaptées aux réalités locales, fondées sur le respect mutuel et la coopération équilibrée.
Rappelant que les financements privés ne peuvent remplacer l’aide publique au développement, il a exhorté les pays développés à respecter leurs engagements, notamment celui de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l’aide internationale. Il a aussi salué les efforts visant à lutter contre les flux financiers illicites et les paradis fiscaux.
L’engagement de l’Algérie pour l’Afrique
Enfin, le président a mis en avant l’engagement concret de l’Algérie en faveur du développement africain. À travers l’Agence algérienne de coopération internationale, le pays finance plusieurs projets dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures et de l’énergie, pour un montant total d’un milliard de dollars. L’Algérie, qui a réussi à s’affranchir totalement de la dette extérieure, entend poursuivre son soutien aux pays les plus vulnérables.
Le président Tebboune a conclu son allocution en appelant à passer à l’action. Pour lui, cette conférence doit être le point de départ d’un processus de développement global visant à réduire les inégalités, renforcer la solidarité internationale et bâtir un avenir commun fondé sur l’équité et la justice.
Synthèse : Talbi. B