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Circulation routière : le Code de la route ne découle pas de la Chariâa

Chaque année, les accidents de la circulation provoquent des milliers de morts et des dizaines de milliers de blessés. Pour contribuer à réduire le phénomène, le ministre des Affaires religieuses a voulu donner une coloration religieuse au Code de la route au prix d’une incroyable contrevérité.

Tout comme la voiture qui n’a pas été inventée en Algérie ni dans un quelconque pays musulman, le Code de la route n’a lui aussi aucun rapport avec la Chariaâ. Youcef Belmahdi se trompe donc doublement en soutenant, comme le rapporte l’APS, que les lois qui régissent la circulation automobile sont issues « de la législation musulmane ( Chariâa ), d’où l’impératif pour les usagers de la route de s’y conformer pour réduire les pertes en vies humaines enregistrées quotidiennement sur les routes ».

Non, le Code de la route a été inventé à la fin du 19e siècle pour, d’abord, régir les déplacements des voiture attelées avant de réglementer celles munies d’un moteur à vapeur. Ainsi, en France, il existait, dès le 30 mai 1851 une loi sur « la police du roulage et des messageries publiques ». Une décennie plus tard, d’autres textes ont accompagné le développement des « locomotives routières » à vapeur.

L’obligation de posséder préalablement un permis pour conduire une voiture a été instituée par un décret promulgué le 10 mars 1899. L’exigence d’une autorisation du service des Mines avant la mise en service d’un véhicule date de la même période. Il en va de même pour la limitation de vitesse à 20 km/h en ville et 30 km/h en rase campagne, ainsi que l’apposition d’une plaque minéralogique (1901) et le délit de fuite (1908).

Le « Code de la route », proprement dit, a été formulé en 1904 par un certain Jules Perrigot qui occupait le poste de vice-président de la fédération française clubs automobiles. Une année plus tard, le texte a été adopté par le 1e Congrès international de tourisme de circulation automobile sur routes qui y a, de plus, introduit notamment la priorité à droite.

Aussi le ministre algérien des Affaires religieuses pourrait -et c’est là sa deuxième erreur- être accusé de mensonge ou, du moins, de travestissement de la vérité si sa déclaration venait à être publiée dans le monde.

Même si son objectif découlait d’une bonne intention, la contrevérité qu’il vient de prononcer pourrait être considérée comme une nouvelle preuve du manque de sérieux de l’Exécutif dont il fait partie. Les accidents de la route relèvent d’une préoccupation terrestre. Les chauffeurs qui ne respectent pas le Code agissent comme tous les citoyens qui piétinent les autres lois de la république dans divers aspects de la vie.

Il faut inclure à ce nombre les responsables qui négligent l’entretien des chaussées, des accotements et de la signalisation. Dans bien des cas, l’état des routes en particulier à l’intérieur des agglomérations est dans un état qui fait courir des risques aux automobilistes.

Certaines auto-écoles et certains examinateurs sont aussi à blâmer puisque ce sont leurs élèves et candidats qui causent près de 20 000 accidents par an, où plus de 3000 personnes trouvent la mort.

En un mot, « on conduit, comme on se conduit ». La religion ne peut rien contre les comportements déviants si leurs auteurs sont animés par une énergie arrogante et destructrice. C’est une loi civile et ferme qui doit sanctionner le fauteur. L’enfer attendra.

Mohamed Badaoui 

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