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Au moins 135 morts et 80 disparus suite aux explosions : Beyrouth littéralement ravagée

Au moins cent morts, des milliers de blessés et des centaines de milliers de sans-abri: ville “sinistrée”, Beyrouth reste abasourdie mercredi, au lendemain d’explosions ahurissantes, des habitants cherchant encore des disparus et des affaires personnelles au milieu d’immeubles éventrés.

D’après les autorités, quelque 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, stockées “sans mesures de précaution” dans le port de Beyrouth, sont à l’origine de la puissance des déflagrations, les pires vécues par la capitale libanaise, malgré son histoire tourmentée.

“La situation est apocalyptique, Beyrouth n’a jamais connu ça de son histoire”, a estimé le gouverneur de Beyrouth, Marwan Aboud.

“On aurait dit un tsunami, ou Hiroshima (…). C’était un véritable enfer, quelque chose m’a frappé à la tête, et tous les objets ont commencé à voler autour de moi”, a raconté à l’AFP Elie Zakaria, un habitant du quartier de Mar Mikhail, célèbre pour ses bars nocturnes et qui fait face au port.

“C’est un massacre. Je suis sorti au balcon, j’ai vu des gens qui criaient, ensanglantés, tout était détruit”, a-t-il ajouté.

La puissance de ces explosions présentées comme accidentelles est telle qu’elles ont été enregistrées par les capteurs de l’institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3. Et leur souffle a été clairement ressenti jusque sur l’île de Chypre, à plus de 200 km de là.

Le paysage, mercredi, reste lunaire: les conteneurs ressemblent à des boîtes de conserve tordues, les voitures sont calcinées, le sol jonché de valises et de papiers provenant de bureaux soufflés par l’explosion.

Selon un dernier bilan provisoire de la Croix-Rouge, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4.000 blessées.

Selon le gouverneur de Beyrouth, jusqu’à 300.000 personnes sont sans domicile en raison des énormes dégâts. Il a estimé les dommages, qui ont touché selon lui plus de la moitié de la capitale, à plus de trois milliards de dollars.

Des secouristes, épaulés par des agents de sécurité, ont cherché toute la nuit des survivants ou des cadavres sous les décombres. Les opérations continuent.

L’explosion a soufflé les vitres des habitations dans la plupart des quartiers de Beyrouth et de sa grande banlieue, et les artères de la ville restent jonchées de bris de verre.

Les hôpitaux de la capitale, déjà confrontés à la pandémie de Covid-19, sont saturés. Des habitants, blessés et ensanglantés, ont dû faire le tour des hôpitaux toute la nuit pour les supplier d’être admis.

Le Premier ministre, Hassan Diab, dont le gouvernement est contesté par une partie de population et a été fragilisé encore davantage par la démission lundi du ministre des Affaires étrangères, a décrété trois jours de deuil national et promis que les responsables devraient “rendre des comptes”.

“Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2.750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire”, a déclaré le Premier ministre devant le Conseil supérieur de défense, selon un porte-parole.

Le nitrate d’ammonium, substance entrant dans la composition de certains engrais mais aussi d’explosifs, est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés. Il a causé plusieurs accidents industriels dont l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, en septembre 2001 (31 morts, 8.000 blessés).

Une source au sein des services de sécurité a indiqué à l’AFP que le nitrate d’ammonium avait été saisi sur un bateau en panne il y a six ans et entreposé au hangar numéro 12 du port, “sans aucun suivi”.

Des Casques bleus ont été grièvement blessés à bord d’un navire amarré dans le port, selon la mission de l’ONU au Liban (Finul).

Sur les réseaux sociaux, les Libanais expriment à nouveau leur colère contre la classe dirigeante, qu’ils accusent de corruption, estimant que l’explosion était un résultat de sa mauvaise gestion et de sa négligence.

AFP

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