L’Iran a officiellement suspendu sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) après la promulgation d’une loi par le président Massoud Bezhkyan, adoptée la semaine dernière par le Parlement. Cette décision intervient dans un contexte de fortes tensions entre Téhéran et l’agence onusienne, sur fond de guerre de 12 jours entre l’Iran et Israël, qui a visé des installations militaires et nucléaires iraniennes, accompagné d’assassinats de scientifiques nucléaires, avec la participation des États-Unis ayant mené des frappes sans précédent sur trois sites nucléaires majeurs en Iran.
L’Iran avait menacé de cesser toute coopération avec l’AIEA, accusant cette dernière de partialité en faveur des pays occidentaux, et de justifier les frappes israéliennes, survenues au lendemain d’un vote du Conseil des gouverneurs de l’agence affirmant que Téhéran ne respectait pas ses engagements au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Le Parlement iranien a adopté la loi le 25 juin, soit au lendemain de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. Le texte stipule que toute future inspection des sites nucléaires iraniens par l’AIEA devra obtenir l’approbation du Conseil suprême de sécurité nationale de Téhéran. Le processus d’approbation n’est cependant pas précisé dans le texte.
Après validation par le Conseil des gardiens de la Constitution, l’organe chargé de la révision des lois en Iran, le projet a été transmis à l’exécutif pour application. La télévision d’État a annoncé que le président Massoud Bezhkyan a signé la loi de suspension de la coopération avec l’AIEA.
Il s’agit du deuxième texte législatif adopté par l’Iran visant à restreindre sa collaboration avec l’agence onusienne. En février 2021, Téhéran avait déjà réduit fortement l’accès des inspecteurs internationaux après son retrait du protocole additionnel au TNP, dans le cadre de la loi baptisée “Mesure stratégique pour contrer les sanctions américaines”, votée en décembre 2020.
Dans un communiqué, l’AIEA a indiqué être au courant des informations relayées et attendre des détails officiels de la part de l’Iran. Les inspecteurs de l’agence surveillent actuellement les activités nucléaires iraniennes dans leurs volets déclarés.
De son côté, le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, a affirmé que les frappes ne détruiraient pas l’industrie nucléaire iranienne, car celle-ci repose sur une technologie locale, et que les avancées continueront.
L’Allemagne a dénoncé mercredi cette décision iranienne, y voyant un “signal catastrophique”. Quant au ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, il a immédiatement appelé la communauté internationale à agir fermement pour stopper le programme nucléaire iranien.
Des responsables iraniens ont en outre fermement condamné le silence de l’AIEA face aux frappes israéliennes et américaines, critiquant la résolution adoptée le 12 juin par l’agence, qu’ils considèrent comme l’un des prétextes ayant justifié l’agression israélienne.
R.I