Depuis son arrivée au gouvernement, le ministre français de l’Intérieur Laurent Nuñez n’ pas cessé de plaider pour la nécessité de renouer “le dialogue” avec Alger, mettant en avant les besoins de coopération sécuritaire, non sans remettre en cause et à plusieurs reprises les choix politiques de son prédécesseur sur le dossier algérien.
Le nouveau ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, prend de plus en plus ses distances avec son prédécesseur, Bruno Retailleau, en n’hésitant pas à remettre publiquement en cause ses choix politiques, notamment dans le dossier algérien. Il a estimé, dans un entretien accordé samedi au Parisien, que la méthode du “bras de fer” chère à Retailleau “ne marchait pas” avec l’Algérie. “Ceux qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent. Ça ne marche pas, dans aucun domaine”, a-t-il dit. A ses yeux, la « preuve » de l’inefficacité de cette méthode est le fait que “le canal est totalement coupé aujourd’hui avec Alger”.
Le gel des relations entre la France et l’Algérie se traduit notamment par l’arrêt total de la coopération migratoire, a expliqué M.Nuñez. “L’Algérie n’accepte plus ses ressortissants en situation irrégulière depuis le printemps dernier”, a-t-il déploré. En 2025, 500 éloignements forcés vers ce pays ont pu avoir lieu fin octobre, contre 1400 l’an dernier sur la même période, selon lui. Par conséquent, les centres de rétention administrative “sont occupés à plein” : “40% des places sont occupées par des ressortissants algériens”.
Depuis son arrivée au gouvernement, Laurent Nuñez n’ pas cessé de plaider pour la nécessité de renouer “le dialogue” avec Alger, mettant en avant les besoins de coopération sécuritaire, notamment dans la lutte antijihadiste au Sahel. Mieux, le départ du gouvernement de Bruno Retailleau, partisan d’une ligne dure contre Alger, avait permis ces dernières semaines d’amorcer en coulisses des discussions entre la France et l’Algérie. M.Nunez a même confié avoir été invité par son homologue algérien à se rendre en Algérie. «Il y a des signaux. Le ministre de l’Intérieur algérien m’a récemment écrit pour m’inviter », a-t-il confié, sans donner plus de détails.sur cette invitation. Il est, toutefois, à craindre que cette tentative de reprise du dialogue ne soit sabordée par la récente adoption à l’Assemblée française et à l’initiative de l’extrême droite mais aussi d’une partie de droite, d’une résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 qui, selon les Français, avait crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de trois mois dans l’Hexagone et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial. Pour les Algériens, cet accord a été vidé de leur substance. Le président Tebboune est allé, dans une interview accordé début février dernier au journal français l’Opinion, jusqu’à qualifier ces accords de « coquille vide » qui permettent «le ralliement de tous les extrémistes comme du temps de Pierre Poujade». « Je ne peux pas marcher avec toutes les lubies. Pourquoi annuler ce texte qui a été révisé en 1985, 1994 et 2001 ?”, s’est-il interrogé, non sans souligner que “certains politiciens prennent le prétexte de la remise en cause des accords pour s’attaquer à ces accords d’Evian qui ont régi nos relations à la fin de la guerre».
Ali.C
LA NATION Quotidien National D'information