Dans un entretien qu’il a accordé au magazine français Le point publié mercredi le président de la république Abdelmadjid Tebboune a déclaré que le mouvement Rachad et le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) ont été déclarés mouvements terroristes, parce qu’ils « se sont eux-mêmes déclarés tels ». Face aux appels à la violence, la patience a des limites, dira-t-il.
Le président a expliqué que Rachad « a commencé à mobiliser tous azimuts, à donner des instructions pour affronter les services de sécurité et l’armée ». S’agissant du MAK, il a tenté selon lui « d’agir avec des voitures piégées ».
Evoquant l’éventuel boycotte des élections législatives du 12 juin, le président a affirmé « Ce que j’observe à travers tout le pays ne dit pas que les Algériens, dans leur majorité, sont opposés aux élections législatives ».Et d’expliquer, au vu « des instruments de mesure dont nous disposons, il s’agit d’une minorité qui se présente comme une majorité grâce à une médiatisation à outrance, notamment outre-mer ».
Tebboune a révélé à ce propos que « certains ambassadeurs, malheureusement, ne voient que cette minorité et ne vivent qu’avec elle, et ignorent la majorité des Algériens, induisant en erreur les pays auxquels ils appartiennent… »
A contrario, selon le président « il y a un engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes, alors que tout récemment, ils ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales. Il n’y a pas d’autre issue….et tous ceux qui veulent entraîner le pays vers l’aventure sont en train de perdre leur temps ».
Il expliquera qu’il n’a pas été « le candidat d’un parti, mais celui du peuple et de la jeunesse, deux piliers sur lesquels je compte beaucoup ». Une multitude de nos partis ne sont pas représentatifs d’un courant d’idées, selon lui mais « sont construits autour d’une personne qui s’éternise à leur tête, sans aucune volonté d’ouverture ou de réforme »
Concernant l’opposition et les activistes qui dénoncent les arrestations dans les rangs du Hirak et les entraves au travail des médias, Abdelmadjid Tebboune est ferme : « Je n’utilise plus ce mot (Hirak) parce que les choses ont changé. Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue ». et d’ajouter « ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle. Il n’a pas écouté le chant des sirènes qui le poussait à aller vers une période transitoire, et dix millions d’Algériens sont allés voter. Une minorité a refusé l’élection. Je pense que tout Algérien a le droit de s’exprimer, mais je refuse le diktat d’une minorité ».
Il dira encore que « dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « État islamique ! » et d’autres qui scandent « pas d’islam ! ». Les manifestants expriment peut-être une colère, mais ce n’est pas le Hirak originel. C’est très hétéroclite ».
Au sujet du correspondant du journal « Liberté » à Tamanrasset qui a été arrêté et placé sous mandat de dépôt pour un article de presse, le président a eu cette réponse : « Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave ».
Enfin et à propos du poids de l’armée et des services de renseignement le président de la république a indiqué que le poids de l’armée « est une réalité positive »…si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye ou en Syrie ». Il a expliqué que « l’armée s’est retirée de la politique depuis la fin des années 1980… L’époque où des officiers de l’armée siégeaient au comité central du FLN (ex-parti unique) est terminée. L’armée ne fait plus de politique ».