Le Gouvernement algérien a décidé le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat et la représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires, suite à la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain comme “seule base” de règlement du conflit du Sahara Occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
“Le Gouvernement français a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara Occidental. Ce pas qu’aucun autre Gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir, le Gouvernement actuel l’a fait avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles”, précise la même source.
“En reconnaissant le plan d’autonomie marocain comme la seule base de règlement du conflit du Sahara Occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, le Gouvernement français bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations Unies à l’effet de parachever la décolonisation du Sahara Occidental et manifeste une abdication des responsabilités particulières qu’il doit assumer, en toutes circonstances, comme membre permanent du Conseil de Sécurité”, souligne le communiqué.
En conséquence, “le Gouvernement algérien a décidé le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat. La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires”, ajoute la même source.
Ce retrait survient le jour même de la publication par le Palais royal marocain de la lettre du président Emmanual Macron au roi Mohammed VI sur le changement de position de la France sur le conflit au Sahara occidental.
Le ministère algérien des affaire avait déclaré que « La décision française relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un a priori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie ».
Le pouvoir en France s’est attelé depuis des mois à préparer ce coup. Le chef de la diplomatie, Stéphane Séjourné avait réitéré, en janvier dernier, le « soutien clair et constant » au plan d’autonomie marocain du Sahara occidental.
« Il est désormais temps d’avancer. J’y veillerai personnellement », avait-il déclaré. Quelques semaines plus tard, c’est le ministre du commerce extérieur, Franck Riester, qui avait même proposé que Proparco, filiale dédiée au secteur privé de l’Agence française de développement (AFD), puisse financer un projet de ligne électrique à haute tension entre Casablanca et Dakhla, la capitale du Sahara occidental.
Des visites suivies par celles des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Bruno Le Maire (Economie), Marc Fresneau (Agriculture) et Rachid Dati (Culture).
Il était même question d’une visite du premier ministre Gabriel Attal en juillet avant qu’elle ne soit annulée en raison des élections législatives en France.
Cette position n’est pas seulement le travail d’un lobbying pro-marocain, il exprime le fond de ce que pense l’establishment en France de l’Algérie et du Maroc. C’est un secret de polichinelle que de savoir que le royaume du Maroc est, jusqu’à la moelle de son os sous l’influence directe de l’ancienne puissance coloniale.
Anisi, la brouille entre Alger et Paris risque cette fois-ci de prendre une allure beaucoup plus importante que la première où le président Macron s’est hasardé à critique l’essence même de la Nation algérienne. Ce qui est sûr, dans l’immédiat, c’est l’annulation de la visite du président algérien en France, programmé pour le mois de septembre.
Mais, les conséquences de la position de la France ne vont pas s’arrêter là, selon toutes vraisemblances. La question est de savoir jusqu’à quelle mesure l’exemple espagnol va être appliqué?
Une chose est claire, les autorités algériennes savent que la position espagnole relève d’une tactique alors que celle de la France relève d’une stratégie. L’Espagne avait pris sa décision suite au chantage, tandis que pour la France il s’agit d’une position stratégique. L’Algérie et la France n’appartienne pas au même tranchée.
Sid Ali
R.N