Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, ce lundi , l’évacuation des ressortissants algériens du Soudan où la situation sécuritaire est en train de se dégrader d’heure en heure.
Les Algériens se rappellent toujours le pont aérien qui, en 2009, a permis de transporter au Soudan plusieurs dizaines de milliers de supporters partis soutenir l’équipe nationale de football dans sa confrontation avec son homologue égyptienne. En moins de 48 heures, des avions civils et militaires, ont déplacé près de 40 mille personnes de et vers Oum Dermane. L’opération sans précédent avait créé alors une forte impression dans le monde, à commencer par l’Egypte de Hosni Moubarak.
Cette semaine, les autorités ont décidé d’évacuer les ressortissants algériens installés au Soudan qui connaît depuis quelques jours une flambée de violence dont l’issue est incertaine. Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a lancé hier l’opération, selon un communiqué qui a indiqué que «tous les moyens ont été mobilisés» pour sa réussite. En plus du staff de l’ambassade d’Algérie à Khartoum, celle-ci concerne les «membres de la communauté nationale établis au Soudan et désirant quitter ce pays», selon le même document qui n’en a pas précisé le nombre.
D’autres pays ont commencé, eux aussi, à transférer leurs nationaux résidant dans ce pays par divers canaux (terre, mer et air) vers des destinations plus sûres tel que Djibouti. Les Etats européens, asiatiques et arabes, en particulier l’Egypte, ont pu faire sortir ainsi des milliers de personnes en quelques heures.
La débandade des étrangers augure du sombre avenir qui attend le Soudan. Le pire est en effet à craindre dans ce pays en proie à des troubles depuis plusieurs décennies. En 2011, son territoire a même été amputé de sa partie sud au profit de la rébellion dirigée par John Garang.
La réédition de ce scénario est plus que probable et risque d’émietter davantage le Soudan qui possédait jusqu’à lors la superficie la plus étendue en Afrique. Aujourd’hui, l’enjeu concerne le Darfour qui forme la région ouest du pays où se déroule un conflit gelé depuis 2003.
En raison des armes lourdes utilisées par les deux camps, le nouvel embrasement a déjà fait des centaines de morts et près de quatre mille blessés, sans compter les destructions des infrastructures vitales. Conséquence, l’eau potable, la nourriture et les moyens de communication subissent des perturbations qui affectent durement la population et menacent dangereusement les conditions de son existence. L’autre péril que pose aujourd’hui le Soudan concerne la dégradation de la situation sécuritaire dans le Sahel qui connaît déjà une forte instabilité.
L’Algérie est évidemment fortement préoccupée par ces événements qui se déroulent dans un pays qu’elle considère comme frère. D’autant plus que le déclenchement d’une nouvelle guerre fratricide dans la région met en danger sa propre sécurité nationale.
L’affrontement entre El Burhane et Daglo dépasse la lutte d’ego de deux hommes fortement armés aux vues divergentes. Il est sûrement alimenté par des intérêts géopolitiques qui ont des visées sur l’Afrique. Le Soudan est un territoire très riche en ressources naturelles, même si ses habitants sont majoritairement pauvres. Le genre de gâteau qui attise l’appétit des amateurs d’argent facile.
Mohamed Badaoui