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Risque d’escalade guerrière en Irak, où Washington a tué un puissant général iranien

L’Irak a dit vendredi redouter une “guerre dévastatrice” après l’assassinat sur son sol par les Etats-Unis du puissant général iranien Qassem Soleimani et de son premier lieutenant, une escalade qui a suscité des promesses de vengeance de la part de Téhéran et de ses alliés.

C’est le “tir de précision d’un drone”, selon un responsable militaire américain à l’AFP, qui a pulvérisé en pleine nuit les véhicules à bord desquels se trouvaient les deux hommes, à la sortie de l’aéroport de Bagdad. Ce raid, qui a suscité des réactions inquiètes dans le monde, a été ordonnée par le président américain Donald Trump lui-même, d’après le Pentagone.

Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, est mort sur le coup, tout comme Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l’Etat irakien.

Selon un responsable local, le commandant irakien, ennemi numéro un des Etats-Unis en Irak depuis des décennies, “était venu chercher Qassem Soleimani à l’aéroport, ce qui d’habitude n’arrive pas”. “Il l’a accueilli ainsi que deux autres visiteurs et leurs véhicules ont ensuite été touchés”, a-t-il ajouté.

IRAQI MILITARY/AFP / –Photo publiée par le bureau des médias du commandement militaire irakien montrant le site de la frappe américaine sur l’aéroport international de Bagdad, le 3 janvier 2020

Il s’agit de “la plus importante opération de +décapitation+ jamais menée par les Etats-Unis, plus que celles ayant tué Abou Bakr al-Baghdadi ou Oussama Ben Laden”, les chefs des groupes Etat islamique (EI) et Al-Qaïda, a commenté Phillip Smyth, spécialiste américain des groupes chiites armés.

– “Juste châtiment” –

Les bruits de bottes ont été à la hauteur du choc en Irak et en Iran, où Soleimani était perçu comme absolument intouchable.

L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, et le président Hassan Rohani ont appelé à venger cette mort. Et, à Téhéran, des dizaines de milliers de personnes manifestaient dans l’après-midi aux cris de “A mort l’Amérique”.

“L’Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l’Amérique criminelle”, a dit M. Rohani.

AFP / AHMAD AL-RUBAYEUn drapeau géant américain sur la route à Bagdad, le 3 janvier 2020

A Bagdad, les commandants des factions pro-Iran ont aussi appelé leurs combattants à se “tenir prêts”. Il faut, a exhorté Hadi al-Ameri, haut commandant du Hachd, “serrer les rangs pour bouter les troupes étrangères” hors d’Irak.

Le turbulent leader chiite, Moqtada Sadr a réactivé l’Armée du Mehdi, sa milice dissoute depuis une décennies après avoir harcelé l’occupant américain en Irak.

Au Liban, troisième pivot de l'”axe de la résistance” iranien au Moyen-Orient, le mouvement chiite Hezbollah a promis “le juste châtiment” aux “assassins criminels”.

Parmi les autorités irakiennes, traditionnellement écartelées entre leurs alliés américain et iranien, le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a estimé que le raid américain allait “enclencher une guerre dévastatrice” dans son pays. Le président Barham Saleh a exhorté “tout le monde à la retenue”.

L’Iran, de son côté, a annoncé dès la mi-journée le nom du successeur de Qassem Souleimani à la tête des forces Al-Qods, Esmaïl Qaani.

Preuve du risque de conflit ouvert, les Etats-Unis ont eux incité leurs ressortissants à quitter l’Irak “immédiatement”.

– “Depuis des années” –

Cette frappe américaine inédite est intervenu après l’assaut mardi de l’ambassade américaine à Bagdad par des milliers de partisans du Hachd, une démonstration de force qui a ravivé pour Washington le traumatisme de la prise d’otages à l’ambassade de Téhéran en 1979.

“Les renseignements américains suivaient Qassem (Soleimani) depuis des années, mais ils n’ont jamais appuyé sur la détente. Lui le savait mais n’a pas mesuré à quel point ses menaces de créer une autre crise des otages à l’ambassade (de Bagdad) changerait” les choses, a expliqué à l’AFP Ramzy Mardini, de l’Institut of Peace.

Le raid a fait dix morts au total, “des Irakiens et des conseillers iraniens”, selon le Hachd.

AFP / Janis LATVELSQassem Soleimani

L’Iran n’a pas évoqué les détails du rapatriement du corps du général Soleimani mais le Hachd a annoncé qu’Abou Mehdi al-Mouhandis serait enterré samedi dans la ville sainte de Najaf (sud), où se trouve le plus grand cimetière chiite au monde et l’une des plus importantes nécropoles de la planète.

Alors que trois jours de deuil ont été décrétés en Iran, le Parlement irakien se réunira le même jour pour déterminer la position officielle du pays et sûrement évoquer l’avenir des 5.200 soldats américains postés en Irak en vertu d’un accord que Bagdad semble prêt à dénoncer.

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