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Pouvoir d’achat : chère Algérie !

La rentrée scolaire est pour bientôt. Les parents aux revenus modestes comptent leurs sous. Les dépenses sur les fournitures scolaires, les cartables, les vêtements neufs vont certainement réduire à néant ce qui leur restent des dépenses du ramadan et des deux Aïd.

Un ménage qui vit avec un salaire moyen, soit un peu plus de 40 mille dinars, doit réaliser un exploit pour garder l’équilibre de ses finances le long de la période s’étalant du premier jour du ramadan jusqu’à la rentrée scolaire.

Cette année, le mois du jeûne et les deux plus grandes fêtes religieuses qui le suivent, selon le calendrier lunaire, ont précédé la reprise des cours. Ces occasions de grosses dépenses se sont alignées, en 2022, sur une période de cinq mois.

Le ramadan lors duquel le budget alimentaire explose avec des achats qui dépassent aisément les mille dinars par jour, soit trente mille par mois ou les trois-quarts du salaire. Privés de nourriture durant la journée, les membres de la famille se rattrapent après la rupture du jeûne en dégustant des plats copieux où la viande est indispensable. En soirée, les gâteaux en particulier le kalb-el-louz et d’autres entremets sont des musts qui coûtent certes chers mais dont on ne peut pas se priver. Les longues veillées donnant lieu à des sorties gonflent, elles aussi, la facture ramadanesque.

Dès la deuxième semaine, en prévision de l’Aïd El Fitr, il faut ouvrir de nouveau le porte-monnaie pour vêtir, de la tête aux pieds, les enfants et acheter des jouets aux plus petits d’entre eux. La note peut monter facilement à 10 mille dinar per capita.

Trois mois plus tard, c’est le mouton qu’il faut acquérir en vue du rite du sacrifice. Cette année, le prix des bêtes a oscillé entre 50 mille pour un petit agneau et plus de 80 mille pour un fier bélier. Il est vrai que de nombreux algériens se sont retrouvés dans l’impossibilité d’honorer la tradition du prophète Ibrahim.

Ils ont, d’autre part, économisé les frais des vacances. Louer une maison, un bungalow dans un complexe touristique ou, pire, des chambres dans un hôtel est une opération hors de portée pour la majorité de la population. Alors, la plupart des estivants préfèrent fréquenter les plages de proximité où on peut se rendre en empruntant les transports publics.

Il n’y a pas si longtemps, quand les prix du pétrole battaient des records, une bonne partie des Algériens se permettaient des séjours dans les quatre étoiles tunisiens et turcs. Les plus aisés allaient en Espagne, en Grèce, en Italie et à d’autres destinations de rêve.

La chute brutale des recettes du pays a considérablement réduit la manne dans laquelle les pouvoirs publics puisaient pour acheter la paix sociale. Les conséquences des événements politiques qu’a connus l’Algérie à partir de février 2019, puis la longue pandémie qui l’a affectée ont fini par terrasser la majeure partie des ménages.

La situation économique est en train de s’améliorer grâce à la remontée des cours des hydrocarbures, mais il faut attendre longtemps pour en voir d’éventuelles retombées positives sur l’état général du pays.

Pour l’instant, les citoyens font face à la flambée des prix de tous les produits à cause de la dévaluation du dinar, du faible rendement de l’économie et de l’insuffisance de l’investissement créateur d’emploi.

Ils doivent donc faire semblant d’avoir les moyens de consommer comme tout le monde quitte à s’endetter. Mais certains débours, en tête desquels figurent les fournitures scolaires, sont incompressibles. Pour deux enfants au primaire, il faut compter pas moins de 20 mille dinars entre les cahiers, les livres et les articles scolaires, les cartables, les tabliers, les chaussures…

A cela, il est nécessaire d’ajouter les frais des besoins de la vie moderne : le téléphone, la télévision, l’ordinateur, le climatiseur et tous les nouveaux bidules qui ont acquis le statut de premières nécessités.

Mohamed Badaoui  

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