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Par Anouar El Andaloussi : la ré-industrialisation du pays devient une exigence et une urgence 

La mondialisation économique a produit des effets très importants sur les systèmes productifs dans presque tous les pays du monde, qu’ils soient du Sud ou du Nord,  à l’exception peut être de la Chine et de quelques pays émergeants comme l’Indonésie, l’Inde, le Vietnam, ou les Philippines. La dynamique de libre-échange impulsée par l’OMC a complètement « désintégré » les économies nationales au profit d’une recomposition dans le cadre de chaines de valeurs régionales ou mondiales. Les avantages de ce libre –échange à court terme sont nombreux et profitables pour beaucoup de pays ; pour d’autres, le libre échange a été un facteur de désindustrialisation rampante ; c’est la cas notamment des pays pétroliers qui disposent de ressources financières suffisantes leur permettant d’importer tous les biens et services dont ils ont besoin au détriment de la production domestique. Ce phénomène est qualifié dans la littérature économique de « syndrome hollandais ». Il est vrai que les producteurs comme les consommateurs disposeront d’un large éventail d’offres/demandes pour produire, consommer et vendre. La concurrence est mondiale. Beaucoup de pays ont été séduits par cette aubaine et ont, face à l’offre internationale souvent alléchante, abandonné la production locale ou la délocalisé sous d’autres cieux plus attractifs. Il devient donc indispensable d’intégrer une chaine de valeur régionale ou mondiale pour tirer profit de ses avantages grâce à des relations clients/fournisseurs stables dans le temps. Ainsi, les économies non insérées dans ce schéma de chaine de valeur trouveront  toutes les difficultés à place leurs produits dans un marché extérieur ; à moins que l’économie en question soit suffisamment puissante et compétitive pour s’imposer comme alternative à la production issue d’une chaine de valeur. Ce sont des pays comme le Japon ou l’Allemagne dans les années 80 et 90 qui nous donnent ces exemples d’une industrialisation sophistiquée grâce à des économies d’échelle au niveau local, une innovation permanente et une organisation industrielle nationale puissante (ex. MITI japonais). Aujourd’hui, de grandes économies cherchent à se réindustrialiser à nouveau. Toutes les démarches de Trump en matière de protectionnisme visent la réindustrialisation de l’économie américaine en attirant les investisseurs étrangers en leur assurant une protection tarifaire et non tarifaire.

Il reste donc à faire un choix entre une organisation industrielle locale intégrée (densité des relations inter-firmes) et une insertion dans une chaine de valeur plus large au niveau régionale : entre deux ou plusieurs pays voisins, ou mondiale : plusieurs pays éclatés sur des espaces très larges. Dans notre contexte ces trois dimensions constituent les fondements d’une politique d’industrialisation du pays.

Au niveau national, il faut renforcer les relations inter-firmes pour aboutir à des chaines de valeur nationales capables de fournir un  produit algérien fortement intégré ; nous avons surtout  des firmes parallèles en silos et moins de firmes successives, les unes fournissant  les autres.

Au niveau région, il faut construire des partenariats entre les firmes de pays voisins en faisant jouer la proximité, la complémentarité et les économies d’échelle.

Au niveau mondial, ce sont généralement les firmes les plus compétitives d’un pays ou d’une région ou les leaders des chaines de valeur locales ou régionales qui peuvent être éligibles à une insertion dans un système productif de grande envergure.

Dans ce contexte, une Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf) offre une opportunité sérieuse pour la constitution de chaînes de valeur régionales.  L’importance de la contribution des pays d’Afrique du Nord à ces chaines de valeur sera décisive si l’on en juge par le niveau de développement industriel de cette région de l’Afrique. En effet, ces derniers tireraient particulièrement bénéfice du développement des échanges de biens industriels intra africains, dont l’augmentation devrait atteindre entre 25 et 30% à l’horizon 2040, contribuant à l’intégration des tissus productifs du Continent.

Afin de mieux bénéficier des opportunités qui s’offrent au niveau Africain et global, l’Afrique du Nord doit d’abord surmonter la faiblesse de son intégration économique et commerciale qui constitue un obstacle en elle-même. Plusieurs analyses confirment que l’intégration régionale en Afrique du nord est des plus faibles au niveau continental et même mondial.

Les relations économiques et commerciales entre les sept pays de la sous-région ne répondent pas aux ambitions affichées et ne traduisent pas la proximité géographique, culturelle, linguistique et religieuse de ces pays (Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Mauritanie, Soudan et Tunisie).

Toute la problématique consiste donc à renforcer les capacités des pays membres à mettre en place les politiques publiques à même de développer des chaînes de valeur régionales qui serviront d’instruments à l’intégration régionale. En Algérie, ce challenge ne peut être concrétisé que par une politique d’industrialisation du pays dans le cadre d’une vision prospective et  pragmatique et  dans une démarche volontariste et continue. Jusqu’à présent, nous avons élaboré des politiques publiques d’industrialisation axées sur le facteur incitatif et sans cohérence globale et surtout sans vision à long terme. Nous avons élaboré des politiques par défaut ou des politiques tous azimuts. Elles méritent d’être recentrées sur des objectifs clairs et surtout autour d’acteurs sérieux qui ne se retirent pas avec la fin des incitations octroyées. Toutes ces supputations supposent un effort d’investissement colossal aussi bien dans les infrastructures, dans la recherche-développement que dans la production ; c’est l’affaire de l’Etat et des entreprises.

A.E.A

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