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Par Anouar El Andaloussi : 2025, une année comme les autres ? Certainement pas.

Une chronique de fin/début d’année peut porter soit sur l’année qui vient de s’écouler, soit sur la nouvelle année. Autant l’année 2024 était annonciatrice de grands bouleversements, l’année 2025 semble se caractériser par une grande incertitude. Rien n’est clair, sauf à considérer que ce qui a caractérisé l’année 2024 se poursuivra. Sur ce registre, quatre événements ont été remarquées : le deuxième mandat de Trump, la rivalité entre les USA et la Chine, le développement rapide de l’IA et la nouvelle géopolitique au Moyen Orient.   La guerre en Ukraine n’est plus un enjeu, elle est devenue un jeu.

Ces enjeux vont peser très lourdement sur l’économie mondiale. Le monde est sans doute plus incertain qu’il y a 5 ans ou 10 ans en dépit des promesses liées à l’intelligence artificielle. 

L’ancien économiste en chef du FMI, Kenneth Rogoff,  déclare à ce sujet : « Je suis nettement moins optimiste quant aux perspectives du second mandat de Trump, bien que je n’aille pas jusqu’à prévoir un krach. Comme en 2016, le républicain hérite d’une économie solide, qu’il qualifie à tort de « désastreuse ». Mais il sera confronté à un paysage économique plus difficile que durant son premier mandat, quelles que soient ses politiques nationales. . …Dans le même temps, la Chine adoptant une position de plus en plus agressive à l’égard de ses voisins, le risque de confrontation en mer de Chine méridionale est dangereusement élevé. » (Le monde du 30/12/2024). Trump menace les principaux partenaires de mesures protectionnistes allant jusqu’à 75% pour la Chine, 25% pour le Canada et le Mexique, pays  avec lesquels il y a un accord de libre échange. L’Europe aussi est visée pour ses 500 Mds de $ d’exportation vers les Etats-Unis. 

Rogoff poursuit : « Pendant ce temps, l’Allemagne, première économie de l’Europe, traverse une très mauvaise période depuis que la guerre en Ukraine est venue ébranler les trois piliers de son modèle de croissance : gaz russe bon marché, exportations vers la Chine, garanties américaines de sécurité.

L’Allemagne est entrée en récession en 2023, et est restée enlisée en 2024.

L’évolution du monde en 2025 dépendra en grande partie de la Chine, premier exportateur et deuxième marché de consommation de la planète. »

La rivalité entre les USA et la Chine risque de perturber l’économie mondiale de manière très significative. La Chine a joué un rôle central dans l’économie mondiale au cours des trente dernières années. Certes, le dynamisme qui caractérisait l’économie chinoise depuis une trentaine d’années semble s’être ralenti. La confiance des investisseurs étrangers se situe à son plus bas niveau historique. Dans ce contexte, certains affirment aujourd’hui que l’économie chinoise aurait déjà atteint son apogée. Dans les faits, rien n’est moins sûr.

La nouvelle géopolitique au Moyen Orient est l’un des grands enjeux économiques de l’année 2025. Elle redessine les « routes du gaz », reconfigure les nouvelles rivalités économiques entre pays de la région (Iran, Pays du Golf, Turquie, Afrique du Nord…) et aiguise les conflits internes par les manipulations des « tuteurs » externes. La vieille Europe, acculée par l’Amérique de Trump et la compétitivité chinoise se re-déploiera au Moyen Orient pour l’énergie et vers l’Afrique pour les matières premières. Le gaz et les minerais rares seront  au cœur des nouveaux enjeux économiques. La régulation du marché du gaz par les énergies renouvelables, le nucléaire et le charbon ne sera pas décisive, car la consommation va connaitre des niveaux très élevés ; l’offre aussi sera conséquente si l’on en juge par les investissements en cours dans tous les types d’énergies.  

L’année 2024 a été particulièrement coûteuse en situations de catastrophes naturelles. On estime à plus de 280 Mds de $ les effets des Inondations, des Typhons, des Ouragans et des Tempêtes à travers le Monde. Le changement climatique est certainement pour quelque chose, mais les Cop se soldent par des échecs récurrents tant les intérêts sont opposés et les lobbys de plus en plus actifs.

Les promesses de l’IAG (Intelligence Artificielle Générative) sont immenses si l’on en croit les acteurs de l’industrie ou les commentateurs technologiques des principaux journaux. Certains économistes, comme le dernier prix Nobel Acemoglu, font de l’IAG l’instrument déterminant du développement économique et social au cours des années à venir.  En effet, la mise au point de l’intelligence artificielle (IAG) – une technologie d’IAG capable d’accomplir n’importe quelle tâche cognitive humaine – est imminente.

Le débat tourne principalement autour de la question de savoir si ces formidables capacités nous rendront prospères au-delà de nos rêves les plus fous, ou si elles seront au contraire synonymes de fin de la civilisation à travers l’asservissement des humains à des IA super intelligentes.

Déjà, les premières conséquences négatives s’annoncent. Les besoins énergétiques de l’IAG sont immenses. Selon une étude du MIT, l’IA peut consommer plus de 1000 terawattheures d’ici à 2026 ; soit l’équivalent de la consommation d’un pays comme le Japon. Toujours selon le MIT, une application comme GPT-3 pourrait générer jusqu’à 25 tonnes de Co2 pour un entrainement intensif. Quant aux besoins en eau, pour l’IA, ils pourraient atteindre jusqu’à 6,6 Mds de m3 d’ici à 2027. 

Ce sont, à grands traits, les enjeux des années à venir et dont la préoccupation doit être immédiate, tant pour chaque pays que pour l’ensemble du Monde. L’Algérie doit dessiner son avenir et son destin dans le sillage de ces enjeux ; ses atouts sont nombreux, mais les menaces sont fortes. Le génie et de tracer un chemin vertueux pour la prospérité des algériens. Les défis sont immenses et la mobilisation autour d’un projet économique ambitieux mais réaliste demeure la voie à suivre.  

A.E.A

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