« L’information officielle doit dorénavant être rendue publique à travers des communiqués de la présidence et publiés par l’APS. Toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et de l’information ».
C’est l’une des premières mesures prise au lendemain de la nomination du Premier ministre et du porte-parole de la présidence. Nouvelles limites à l’exercice de l’exercice et de la liberté de presse ? Verrouillage de l’info officielle ou retour du bâillon ? Pour ne pas « inquiéter », on promet des rencontres périodiques avec la presse pour expliquer la situation générale et l’accréditation prochaine des journalistes de différents médias pour la couverture des activités présidentielles.
Donc hors APS, point de salut. Retour à l’imprimatur ou reprise en main d’une profession où la docilité est un facteur contrariant ? En tout, cas le ton est donné.
Certains confrères estiment que c’est un Nihil Obstat qui ne dit pas son nom. L’info ainsi verrouillée, il restera au zig journaliste de broder sur le climat, sur les salaires mirobolants des joueurs de foot, sur les offrandes en logements sociaux, sur nos vacances chiches en Tunisie, sur l’anglais comme future langue maternelle, sur les fantômes vieillis de nos rêves, sur l’ablation à répétitions de nos espoirs de liberté.
Au placard les génies déjantés d’un métier qui s’abreuve aux sources du verbe libre et du « penser différent » .
Adieu scoop fumant et info soutirée à un ministre distrait. Ce sera la pêche aux info sur les rives de l’APS. En charriant en même temps le blues du journaliste rêveur et de l’info asphyxiée par la langue des notables.
« Toute info rapportée en dehors de ce canal ( APS) est à classer dans la case de la propagande et la désinformation »…c’est daté comme l’ordinaire des jours d’une profession qui s’attendait à ce que cette fois-ci on puisse aller à une certaine équité en matière de distribution de la publicité publique, à une revalorisation ( ne serait ce que morale ) d’une profession en loques. Que nenni. L’info doit être détourée au cutter APS pour être publiée et que celui qui n’est pas content change de métier… semble insinuer le communiqué encore chaud du porte-parole de la présidence ou de la présidence himself.
Ah la presse, cette ravissante idiote et le journaliste aussi !
Grandeur et cadence d’un corpus qui a souvent tangué entre l’habeas corpus ( liberté indivuduelle ) et le corpus délicti ( métier devenant « corps du délit »). Le voyage en bâillon sous la houlette de l’APS s’annonce des plus mouvementés.