ALGER – Abdelmadjid Tebboune a prêté serment jeudi en qualité de président de la République élu, un acte qui rétablit la légitimité constitutionnelle et permet au nouveau chef de l’Etat d’ouvrir les nombreux chantiers impératifs à l’édification de la “Nouvelle République” et à la satisfaction des “profondes aspirations” du peuple.
Dans un discours prononcé à l’issue de la cérémonie de prestation de serment et en présence des représentants de toutes les institutions de l’Etat, M. Tebboune a esquissé les grandes lignes du programme qu’il compte mettre en œuvre sans délai, eu égard à la “sensibilité” de la conjoncture.
A l’entame de son discours, le Président a salué le “sursaut national” qui s’est manifesté à l’occasion de l’élection présidentielle du 12 décembre, évitant de mettre en péril la pérennité de l’Etat, ainsi que le “grand rôle” assumé par l’Armée nationale populaire (ANP) dans la défense de la souveraineté nationale, la sauvegarde de la stabilité du pays et l’accompagnement du Hirak (le mouvement populaire né le 22 février).
Le chef de l’Etat a appelé à l’unité de tous, quelles que soient les divergences, et à mettre la main dans la main pour construire la “Nouvelle République, forte et respectée”, sur la base des principes de la Révolution de Novembre 54 qui est “notre référent”.
Dans la perspective de l’avènement de cette Nouvelle République, M. Tebboune a souligné que l’Algérie avait besoin d’établir des priorités. Dans ce contexte, il a affirmé que l’Etat sera à l’écoute des “aspirations profondes” du peuple, notamment pour une “nouvelle gouvernance, l’Etat de droit, la justice sociale et les libertés démocratiques”.
Il a estimé que pour relever les défis qui se posent, il était nécessaire de dépasser la situation actuelle, relevant, à cet égard, que la confiance du peuple en les institutions de l’Etat devait être rétablie.
Parmi les points figurant sur sa feuille de route, le président de la République a cité la lutte “organisée” contre la corruption et l’esprit de distribution “anarchique” de la rente.
Rappelant ses engagements contractés durant la campagne électorale, le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation.
Le chef de l’Etat se fixe, également pour priorité, de moraliser la vie politique et de restituer la crédibilité aux institutions élues à travers la révision de la loi électorale, notamment les conditions relatives à l’éligibilité.
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En matière d’économie, le chef de l’Etat a, notamment, annoncé une refonte du système fiscal et la promotion des énergies renouvelables. Il a adressé un appel “sincère” aux hommes d’affaires et aux chefs d’entreprises à investir “avec force” pour développer et diversifier l’économie, les assurant de son plein soutien.
Evoquant la politique étrangère, le président de la République a indiqué qu’elle devait être en accord avec les intérêts de l’Algérie, qui développera des relations d’amitié et de coopération avec tous les pays avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques.
Sur le conflit du Sahara occidental, M. Tebboune a affirmé qu’il s’agissait d’une question de décolonisation prise en charge par l’Organisation des Nations unies, insistant sur la nécessité pour les pays du Maghreb de développer leurs relations de coopération et d’intégration.
Abordant la situation en Libye, il a soutenu que l’Algérie, “attachée” à la stabilité de ce pays, n’acceptera pas d’être tenue à l’écart du processus de règlement.
A la fin de son discours et comme un symbole de la nouvelle ère qui commence, M. Tebboune a demandé à ce que, protocolairement, sa fonction ne soit plus associée au qualificatif “Fakhamatouhou” (Son Excellence), par lequel était désigné l’ancien président, mais qu’il soit simplement appelé “Monsieur le Président”.