47e vendredi du mouvement pour le changement
Sous un ciel couvert, un temps plutôt froid, une pluie fine, les Algérois ont, encore, marché, hier. La présence policière est la même, impressionnante, à l’affût du moindre mouvement. Comme à chaque
vendredi dans la matinée, ils ont tenté de mettre le hirak en difficulté. Selon des sources médiatiques, plusieurs personnes, dont des journalistes, ont été interpellées. Sur les réseaux sociaux, on a
signalé des arrestations. Les premiers manifestants de la rue Didouche-Mourad en ont payé le prix. Depuis quelques semaines, une première manifestation est organisée à partir de cette rue presque toujours à
la même heure.
La sorties des mosquées a marqué, comme à l’accoutumée, le début du 47 vendredi du Mouvement citoyen pour le changement. Le nombre des manifestants reste important, même si on est loin des raz de marée des premières semaines. Plus d’un observateur affirme que le rythme de la mobilisation baisse de semaine en semaine. Il est, cependant, facile,de remarquer la différence à travers la baisse de tension moins de trois heures après la fin de la prière hebdomadaire, la baisse du bruit des hélicoptères et, surtout, l’allègement des barrages à la sortie de la capitale.
Les slogans ne changent pas. De ce point de vue, le hirak tombe dans la «facilité» : brandir tout et n’importe quoi. Un déficit chronique en slogans s’installe. Cela reflète ou prouve, c’est selon, en grande
partie, la spontanéité du mouvement, dit-on.
Ce qui est sûr, c’est que le pouvoir, à sa tête le nouveau président de la République, est en train de gagner du terrain. Les signes sont apparents : Le tassement du mouvement, la routine caractérisant ses
slogans et finalement le défilé des personnalités politiques qui commencent à se bousculer au portillon de la présidence : hier Benbitour, aujourd’hui Rahabi sans oublier ceux qui ont accepté de faire
partie du gouvernement à l’instar de Farhat Aït Ali, Chams Eddine Chitour, la jeune ministre de la Culture, le secrétaire d’état à la production cinématographique, tous ont été connus pour leur opposition
au régime et leur discours acerbe contre sa politique. Faut-il, par ailleurs, oublier ces activistes qui ont proposé au hirak de se transformer en structure politique, c’est à dire mettre un terme à sa forme du vendredi. Faut-il, aussi, oublier, cette chef de parti et activiste du premier cercle, Zoubida Assoul, qui avance d’un pas et recule d’un autre. Enfin, il y a le courant qui trouve que le nouveau pouvoir
est un fait qu’il faut lui parler, l’écouter et pourquoi pas négocier avec lui. Pour eux, le Hirak est une dynamique, un «Sahwa», un garde-fou, nécessaire, mais qui ne saurait pas remplacer une vie politique
structurée, ni ne se transformer en parti politique. L’heure de la décantation serait-elle en train de se préparer ?
Hamma Sadek