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Exploration et production des hydrocarbures : Total revient par la grande porte

Pendant que le froid gèle les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France, le Pdg de Total est reçu avec enthousiasme et en grande pompe par le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab. Au menu, le partenariat entre Sonatrach et le géant français de la pétrochimie.

Patrick Pouyanné, le Pdg du groupe Total est revenu par la grande porte en Algérie après que sa demande de rachat des parts d’Anadarko à Hassi Berkine a été rejetée en 2020. On se souvient, en effet, que le géant pétrolier mondial avait, en 2019, exprimé sa volonté de reprendre le lot de la société pétrolière américaine mais l’Etat algérien avait fait valoir son droit de préemption pour faire barrage à la vente.

Toutefois, business as usual, Total n’a pas pour autant perdu pied en Algérie où elle est implantée depuis 1952. En février dernier, elle a fait partie de trois compagnies qui ont signé un accord avec Sonatrach pour développer les fameux blocs 404a et 208 du bassin de Berkine dans lesquelles elle voulait doubler sa participation.

Le ministère de l’Energie et des mines lui a fait appel, au même titre que l’Italien Eni et l’Américain Occidental Petroleum pour réaliser un hub gazier dans cette zone qui s’étend sur 102 400 km², soit 10 fois la superficie du Qatar par exemple.

Le déplacement de Patrick Pouyanné a, cependant, une portée encore plus grande selon le département de M. Arkab qui a envisagé avec son hôte « les perspectives de collaboration » entre Total et Sonatrach en matière de « projets structurants en Algérie ». Il s’agit, apprend-on auprès de la même source, de réalisations futures « dans le gaz naturel liquéfié, les énergies renouvelables, le stockage d’énergie et la pétrochimie, notamment le projet polypropylène qui connaît un état d’avancement significatif ».

En clair, les portes sont largement ouvertes à la Major pour un investissement à grande échelle si tel est son désir. Mais en vérité, Total a toujours eu une forte présence à différents endroits du territoire et dans diverses activités.

Dans le domaine de l’exploration et la production, elle détient des participations dans plusieurs champs gaziers en production : Timimoun (37,75 %) ; Tin Fouyé Tabankort II (TFT II, 26,4 %) et TFT SUD (49 %). Elle possède aussi une part de 12,25 % dans les champs à huile du bassin de Berkine (blocs 404a et 208) qui comprennent 17 champs en production répartis sur les zones de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk.

Total dit par ailleurs détenir « 49 % dans la joint-venture Steps (Sonatrach Total Entreprise Polymères). Son complexe de déshydrogénation de propane et de production de polypropylène, en construction, aura une capacité de production de 550 kt/an de polypropylène ». Elle commercialise en outre des produits pétrochimiques en Algérie via un bureau de liaison de Total Petrochemicals France et en provenance de sa joint-venture du Qatar.

D’autre part, sa filiale Hutchinson écoule en Algérie des produits issus de la transformation des élastomères, des matières d’étanchéité, du management des fluides, des systèmes antivibratoires et des matériaux et structures destinés à l’isolation acoustique et thermique.

Elle approvisionne de plus le marché algérien en lubrifiants et en bitumes grâce à une filiale locale qui dispose « d’un dépôt d’importation de 6 000 tonnes de stockage dans le port de Ténès et d’une unité de cut-back et d’émulsion à Ouargla ».

En retour, la compagnie a acheté, jusqu’à l’année dernière, 3,6 millions de tonnes de GNL qu’elle fournit au marché français en s’appuyant sur un contrat d’achat auprès de la Sonatrach portant sur des volumes de 2 millions de tonnes par an.

Le come-back en force de Total sur la scène algérienne démontre probablement l’ampleur de la crise que traverse l’Algérie qui, apparemment, doit maintenant solliciter de l’aide pour développer l’exploration et la production de sa principale ressource.

La chute sur des années du cours des hydrocarbures aggravée par les effets de la crise sanitaire en cours, ont dû peser lourdement sur la trésorerie de Sonatrach. C’est peut-être une des raisons qui ont poussé les autorités à lancer ce SOS.

L’impact de la pandémie a réduit la demande sur le pétrole même si le gaz naturel semble mieux se porter. Ainsi, pour l’exemple, l’Algérie a exporté vers l’Italie (dont elle est le deuxième plus gros fournisseur avec une part de 22%) près de 15 milliards de m3 en 2020, soit 12% de plus qu’en 2019. Elle a, d’autre part, exporté près de 10 milliards de m3 de gaz vers l’Espagne dont elle est le 1er fournisseur avec 29% d’un marché qui comprend le Portugal. Sa chance est de disposer de gazoducs qui déversent directement en Europe et de sa proximité de ce continent qui est rapidement accessible à ses méthaniers. Un atout qui peut rapporter encore plus gros s’il était judicieusement utilisé.

Mohamed Badaoui

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