L’UE a invoqué l’article 20, troisième alinéa, du règlement n°2202/2292 de l’Union européenne » pour asséner son verdict : la pâte à tartiner en provenance d’Algérie n’est pas autorisée à l’importation.
La pâte à tartiner El Mordjane de la marque algérienne CEBON, lancée il y a 3 ans à peine, a fait les frais de son énorme succès réalisé, ces dernières semaines, en France et en Europe en général. Alors que ce produit fait fureur outre mer en se vendant comme des petits pains dans les supermarchés et en jetant de l’ombre à la célèbre marque italienne nutella, l’Union européenne a stoppé net cette percée en interdisant tout bonnement son accès au marché européen au motif que d’aucuns jugent peu convaincant, qu’il est interdit à l’Algérie d’écouler sur le vieux continent des produits fabriqués à base de lait. Se confiant vendredi au même site, le président de l’Association algérienne de protection des consommateurs (Apoce) Mustapha Zebdi a indiqué que « la dernière cargaison de la pâte El Mordjene n’a pas été autorisée à être déchargée en Europe», sans préciser le port d’où elle a été refoulée. L’UE a invoqué l’article 20, troisième alinéa, du règlement n°2202/2292 de l’Union européenne » pour asséner son verdict : la pâte à tartiner en provenance d’Algérie n’est pas autorisée à l’importation. Un mail reçu par un exportateur et consulté par le quotidien « l’Algérie Aujourd’hui » a indiqué que «l’Algérie ne figure pas dans la liste des pays autorisés à importer du lait ou produits laitiers (ni œufs ou ovoproduits, ni produits à base de viande)», avant de poursuivre : «(…) cette pâte à tartiner est bien soumise à un contrôle vétérinaire en PCF puisqu’elle contient du lait en poudre et/ou du lactosérum. Mais comme elle vient d’Algérie, elle ne peut pas entrer dans l’Union européenne, même si le fabricant détient un agrément».
Toutefois, Mustapha Zebdi n’est pas convaincu par cette explication et estime que les véritables raisons derrière l’interdiction de l’importation de la pâte El Mordjene en Europe sont ailleurs. « L’Algérie ne fait pas partie de la liste des pays qui peuventexporter vers l’Europe des produits contenant du lait », a-t-il expliqué à TSA, non sans dénoncer cette mesure destinée, selon lui, à protéger les produits européens. « Nous allons prendre une décision ferme », a-t-il menacé.
El Mordjane fabriqué à base d’une poudre de lait importée…de France
Le porte-parole de la Sarl CEBON, Ouzlifi Amine, a confirmé hier au média cité plus haut, cette interdiction qui a frappé le produit phare de son entreprise. «Nous avons eu écho des problèmes rencontrés par des sociétés d’exportation qui ont acheminé la pâte à tartiner El Mordjene en France cette semaine. Certains d’entre eux nous ont demandé des informations que nous avons fournies. Jusqu’à présent, nous ne connaissons pas le fond du problème», a-t-il expliqué, avant d’asséner : «la poudre de lait que nous utilisons est importée de France, elle n’est donc pas extracommunautaire. Le produit est victime de son succès spontanée. Ce sont les consommateurs qui ont fait sa promotion». Et au même responsable de s’interroger: «Nous fabriquons un produit conforme aux normes. L’Algérie est un pays qui a ses lois. Notre produit a déjà voyagé aux États-Unis, au Canada et dans d’autres pays. S’il n’était pas conforme, pourquoi avoir attendu à ce qu’il connaisse le succès pour agir?». Mustapha Zebdi abonde dans le même sens. « Le produit entrait et voyageait… et quand il est devenu un danger pour leur produit bien-aimé, ils ont fait tous les tests et sorti toutes les normes !!! », a-t-il souligné, avant d’ajouter: «Quand il y a des risques et des menaces sur leurs produits, les Européens cherchent n’importe quelle faille pour les protéger. Ils mettent toutes les interdictions possibles pour défendre leurs produits. Nous sommes dans l’obligation d’être solidaires et de défendre nos produits ». Et dire que la Commission avait monté, en juillet dernier, sur ses grands chevaux, en protestant avec véhémence contre le fait que l’Algérie ait réduit drastiquement ses importations de l’Union européenne durant la dernière décennie. Qualifiant les mesures prises par les autorités algériennes de “violation” de l’accord d’association UE-Algérie, les Européens étaient allés jusqu’à agiter la menace de demander “la création d’un groupe spécial d’arbitrage”.
Ali.C