Le Pr. Messaoud Zitouni, chargé du suivi et de l’évaluation du Plan national de lutte contre le cancer 2015/2019, a appelé à la “réactivation” du Fonds national de lutte contre le cancer, une maladie qui prend de l’ampleur d’année en année. Dans une déclaration à l’APS, à la veille de la célébration de la Journée mondiale contre le cancer (4 février), le Pr. Zitouni a estimé que “l’exclusion du Fonds national de lutte contre le cancer du budget 2021 est une grave erreur” quand on sait, a-t-il dit, que cette maladie prend de l’ampleur d’année en année avec plus de 45 000 nouveaux cas par an en raison de divers facteurs environnementaux, du vieillissement de la population et du changement du mode de vie.
A la lecture de la Loi de finances 2021, on relève que plusieurs comptes sociaux, dont le Fonds de lutte contre le cancer, ont été clôturés.
En effet, l’article 167 de ladite loi dispose que : “les comptes d’affectation spéciale ( ) sont clôturés. Toutefois, ces comptes continueront à fonctionner jusqu’à la mise en place de la procédure de budgétisation appropriée qui devra aboutir, au plus tard, le 31 décembre 2021. Date à laquelle ces comptes seront définitivement clôturés et leur solde versé au compte de résultats du Trésor à l’exception de ceux des six (6) comptes d’affectation spéciale”. Le Fonds de lutte contre le cancer figure sur une longue liste de comptes clôturés.
A ce sujet, le directeur général des structures sanitaires au ministère de la Santé, Pr. Lyes Rahal, a affirmé que “le ministère s’attelle à prendre des mesures juridiques pour que le fonds (de lutte contre le cancer) reste ouvert, et ce, avant décembre 2021”.
Le ministère des Finances avait auparavant pris la décision de fermer le Fonds pour les urgences et le ministère de la Santé avait veillé, par la suite, à le récupérer vu la conjoncture exceptionnelle marquée par la propagation de la Covid-19.
Pr Zitouni a estimé que “la clôture du Fonds de lutte contre le cancer dans la Loi de finances 2021 est préjudiciable pour les malades”, d’autant que ces fonds devaient être dépensés par le ministère pour l’acquisition des mammographes pour le diagnostic précoce du cancer du sein, qui vient en tête des types de cancer en Algérie, le renforcement de la formation et le financement de la prévention et de la recherche scientifique. La récupération par le Trésor public de ces fonds est due, au premier degré, à “la bureaucratie” qui a entravé l’exploitation de plusieurs de ses chapitres, a-t-il précisé, indiquant que “son utilisation n’a pas dépassé le taux de 1 % alors que le Comité pilote a présenté des méthodes d’exploitation optimale des fonds de ce compte pour ne pas les restituer au Trésor public”. Le spécialiste, qui a appelé à “maintenir la vigilance en cette conjoncture sanitaire difficile”, face à la prolifération du cancer d’année en année”, prévoit une augmentation des cas d’atteinte et de décès à hauteur de 20 % durant les prochaines années, se référant au Registre national du cancer, à la situation épidémiologique, aux facteurs d’atteinte, à l’instar de la vieillesse de la population, aux facteurs environnementaux outre le changement du mode de vie.
Malgré ces conditions sanitaires difficiles, l’expert a affirmé que le Comité pilote chargé de la mise en œuvre du plan poursuit ses travaux, en veillant à l’application de l’ensemble ses axes, en dépit “des obstacles et des insuffisances” qu’il a appelé à pallier dans le prochain plan, citant à titre d’exemple, “le lancement effectif des centres de diagnostic précoce du cancer du sein et d’amélioration de la radiothérapie”.
En ce qui concerne la création d’une commission ad hoc au niveau du ministère de la Santé pour s’occuper de la maladie du cancer, Pr. Zitouni a qualifié la mise en place de telles commissions de “perte d’efforts, de temps et d’argent, et de décision incorrecte”, plaidant pour l’accélération du lancement d’un deuxième plan fondé sur “une stratégie claire”. “Il était prévu de soumettre en mai 2020 le rapport final du présent plan au président de la République,
M. Abdelmadjid Tebboune, mais la pandémie du Coronavirus et l’orientation des efforts des pouvoirs publics vers la prise en charge de cette pandémie qui a frappé le monde entier n’ont pas permis de le faire”, a-t-il rappelé.
S’agissant de la teneur du plan qui comprend huit axes principaux, le responsable en charge de son évaluation et de son suivi a souligné “la mise en œuvre de la plupart de ces axes sur le terrain, lesquels étaient très positifs et ont contribué à l’amélioration et à la généralisation du traitement des patients”, exprimant son souhait de voir le deuxième plan 2020/2024 annoncé par le ministère contribuer à la satisfaction des besoins de cette catégorie de patients.
R.N