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Averses orageuses sur le pays : bon présage mais crainte d’inondations

Après une longue sécheresse, le ciel a bien voulu verser quelques millimètres de pluie sur l’Algérie. Mais ce bon présage s’est accompagné, comme toujours, d’inondations, d’embouteillages monstrueux, symptôme d’un laisser-aller dans la gestion des villes.

Comme s’ils avaient oublié ce que la pluie voulait dire, les Algérois étaient pris de court par l’averse qui s’est abattue sur leur ville dans l’après-midi d’hier. Certains étaient mouillés jusqu’aux os car, en sortant le matin, ils n’ont pas emporté leur parapluie. D’autres rasaient les murs pour s’abriter sous les balcons, prenant ainsi le risque d’en recevoir un morceau de béton sur la tête, comme cela est déjà arrivé. Alger vieillit et vieillit mal. Par manque d’entretien, plusieurs de ses immeubles à la valeur architecturale indiscutable menacent de tomber en ruine. Malgré les ravalements de façade opérés ces dernières années, la capitale se décrépit.

Sous la pluie, le dallage des trottoirs montre aussi toutes ses malfaçons. Des flaques boueuses surgissent ça et là, alimentées, en plus des précipitations, par l’eau qui jaillit à travers de nombreux trous des tuyaux de descente des bâtiments. Les chaussées, elles-mêmes, se transforment par endroits en piscines car les avaloirs d’eau pluviale sont bouchés.

On se souvient de la tragédie de Bab El Oued en novembre 2001, lorsque des inondations avaient coûté la vie à plusieurs centaines de personnes (officiellement 750 pendant que d’autres sources parlent de mille entre morts disparus). Un tel scénario peut se répéter au regard du laisser-aller en matière d’urbanisme à Alger et dans d’autres villes du pays. Hier, comme à chaque fois, les chutes d’eau bien que modérées et de courtes durées ont à nouveau provoqué des inondations et des embouteillages dantesques.  

A un mois des élections municipales, cette inquiétude devrait être un bon test pour départager les candidats. C’est effectivement au niveau des Assemblées populaires nationales que se construit le pays. Or, les élus locaux ont, dans leur majorité, abandonné la mission d’aménager leur territoire. Par incompétence ou par négligence, ils ont laissé le cadre urbain se dégrader à tel point qu’il est devenu presque impossible de rattraper les dégâts.

Quant à la pluie, il ne faut pas espérer son retour en force rapidement. Les prévisions météo sur dix et quinze jours indiquent, sauf retournement spectaculaire de situation, que la sécheresse se poursuit. Les Algériens subissent depuis des mois le rationnement de l’eau à cause d’un remplissage insuffisant des barrages et des fuites dans les canalisations. Selon des estimations, celles-ci sont responsables de la perte annuelle d’environ 50% du volume d’eau dont dispose l’Algérie.

Pour revenir à un état normal d’approvisionnement des ménages et de l’agriculture en eau, il faut que cet hiver soit extrêmement pluvieux. Les réserves en surface du précieux liquide se sont vidées à près de 68%. Par régions, ce taux est d’environ 79 % dans l’Ouest du pays, de 73% dans le bassin du Cheliff, de 82% seulement dans la partie Centre et de 42% à l’Est du pays. L’apport des stations de dessalement d’eau réclament, pour leur part, du temps et de l’argent avant de pouvoir pallier le stress hydrique.  

Les pluies d’hier sont, certes, un bon présage mais force est de constater qu’un travail énorme attend les pouvoirs publics pour que ce bienfait ne devienne un risque pour la population.

Mourad Fergad

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