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Adelmadjid Tebboune au quotidien français l’Opinion :  «Nous perdons du temps avec le Président Macron»

Le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, choisi le quotidien français l’Opinion pour livrer dans un long entretien sa pensée, sa vision et ses position sur les crises qui secouent le monde : Du proche orient et sa question centrale, la Palestine, à la guerre russo-ukrainienne, aux différents problèmes dans le Sahel Africain et la question du Sahara occidental.

Le président de la république n’est pas allé avec le dos de la cuillère en évoquant les relations de l’Algérie avec la France et précisément dans le contexte précis de la présidence Macron et la montée de l’extrême droite. «Le climat est délétère», a-t-il dit, et l’Algérie essaye de maintenir   «le cheveu de Mu’awiya», affirmant «faire beaucoup» pour ne pas «tomber dans une séparation qui deviendrait irréparable» avec la France. Mais «Nous perdons du temps avec le Président Macron, » a-t-il tranché

Nous avions beaucoup d’espoirs de dépasser le contentieux mémoriel. C’est pour cela que nous avons créé, à mon initiative, une commission mixte pour écrire cette histoire qui nous fait encore mal. Et pour dépolitiser ce dossier.» Et d’ajouter : «Mais plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu.»

Le président a fait le tour des déclarations des politiques, journalistes et membres du gouvernement français, tous hostiles à l’Algérie. Du ministre de l’intérieur, de cet ancien ambassadeur et cette femme raciste et xénophobe qui a battit  son parti sur la haine de l’Algérie de cet autre député, Eric Ciotti, qui qualifie l’Algérie d’ ‘’Etat voyou’’.

Questionné si la reconnaissance de la «marocanité du Sahara» était à l’origine de la crise entre l’Algérie et la France, le chef de l’Etat a répliqué : «Nous avons parlé avec le Président Macron plus de 2 heures 30 en marge du sommet du G7 à Bari, le 13 juin dernier (…) Il m’a alors annoncé qu’il allait faire un geste pour reconnaître la «marocanité» du Sahara occidental, ce que nous savions déjà. Je l’ai alors prévenu ‘‘Vous faites une grave erreur! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre.

Et vous oubliez que vous êtes un membre permanent du Conseil de sécurité, donc protecteur de la légalité internationale, alors que le Sahara occidental est un dossier de décolonisation pour l’ONU qui n’a toujours pas été réglé.»

A ceux qui accusent l’Algérie d’utiliser la Guerre de Libération comme une rente mémorielle, le Président Tebboune rappelle qu’«honorer ses ancêtres», ce n’est pas une rente mémorielle. D’ailleurs «jusqu’à aujourd’hui, la France commémore encore ses soldats et résistants tombés dans la guerre contre l’Allemagne, ses cinéastes font des films (…) Et vous voudriez nous interdire d’effectuer notre propre travail de mémoire ? Ce qui s’est passé chez nous est unique en Afrique. C’est le seul cas de colonisation de peuplement où l’on a amené des Européens par bateau sur un sol étranger pour en faire une terre française. Nos résistants ont été massacrés par centaines de milliers…»

Le Président a dénoncé, par ailleurs, l’instrumentalisation faite des accords de 1968, qualifiés de «coquille vide, pour rallier les extrémistes comme du temps de Pierre Poujade». Abdelmadjid Tebboune a affirmé que «le dossier de la décontamination des sites nucléaires est obligatoire sur les plans humain, moral, politique et militaire».

Il a laissé entendre que la coopération sécuritaire pourrait reprendre, mais prévient : «Il appartient à la France de traiter les cas des jihadistes qui se sont radicalisés sur son territoire». Questionné, enfin, s’il était disposé à reprendre le dialogue, à condition qu’il y ait des déclarations politiques fortes, le Président répond : «Tout à fait. Ce n’est pas à moi de les faire. Pour moi, la République française, c’est d’abord son Président. Il y a des intellectuels et des hommes politiques que nous respectons en France, comme Jean-Pierre Chevènement, Jean-Pierre Raffarin, Ségoléne Royal et Dominique de Villepin, qui a bonne presse dans tout le monde arabe, parce qu’il représente une certaine France qui avait son poids.

Entre nous et Israël, l’Etat palestinien

La seule préoccupation de l’Algérie est l’instauration d’un Etat palestinien, a affirmé le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, assurant qu’Alger normalisera ses relations avec Israël “le jour même où il y aura un Etat palestinien”. “Mes prédécesseurs, les présidents Chadli et Bouteflika, que Dieu ait leurs âmes, avaient déjà expliqué qu’ils n’avaient aucun problème avec Israël”, a rappelé le président de la République dans un entretien accordé au journal français l’Opinion. Il a affirmé que la normalisation se fera “le jour même où il y aura un Etat palestinien. Ça va dans le sens de l’histoire”.

Il a signalé, dans ce même contexte, que l’Algérie a réussi à faire reconnaître la Palestine par 143 Etats de l’ONU comme membre à part entière.

L’Algérie a du mal à comprendre le double standard

Interrogé au sujet de la position de l’Algérie vis-à-vis du conflit opposant la Russie à l’Ukraine, le président de la République a relevé “le double standard” adopté par certains pays. “L’Algérie est entière. Elle a du mal à comprendre le double standard. Il faudrait condamner l’intervention en Ukraine, mais pas l’annexion du Golan ou du Sahara occidental”, s’est-il étonné. “Quand je suis allé voir Vladimir Poutine en Russie en juin 2023, Emmanuel Macron m’a dit de voir si je pouvais tenter quelque chose pour la paix. Le président russe m’a aussi donné son feu vert. Il était prêt à dialoguer, mais Volodymyr Zelensky n’a pas répondu”, a révélé M. Tebboune.

L’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali

S’agissant de la situation au Sahel, le président de la République a déploré le fait que “les Etats du Sahel, comme beaucoup d’autres pays africains, (n’aient) pas réussi à construire des institutions solides et plus résilientes”. Concernant le Mali, il a indiqué que l’Algérie était disponible à rassembler les signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, dénoncé l’année dernière par Bamako, selon lui, assurant que “l’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali que nous considérons comme un pays frère pour lequel notre main sera toujours tendue”.

Amitiés profondes avec la Chine et l’Italie

Evoquant les relations avec la Chine, le président de la République a affirmé : “nous avons une longue amitié”. Concernant les relations algéro-italiennes, le président de la République a précisé que “contrairement à l’extrême droite française, nous avons d’excellentes relations avec la droite radicale italienne, d’autant que nous n’avons aucun contentieux, ni mémoriel, ni autre. L’Italie a toujours été un partenaire très fiable”.

Synthèse : Sid Ali

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