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A quelques jours de la rentrée sociale : l’économie algérienne demeure dans l’expectative

Dans un pays fortement éprouvé par une année et demie de situation épidémique, par une stagnation économique qui dure depuis près de sept ans, la rentrée sociale, prévue dans quelques jours, risque d’être problématique.

Le sentiment d’irréalité et d’autarcie dans lequel vivent les quarante-cinq millions d’Algériens, depuis le déclenchement de la crise sanitaire, est aggravé par l’impossibilité d’anticiper l’avenir. Le pays semble embourbé pour longtemps dans le marasme et aucune solution sérieuse n’est proposée pour l’en extirper.

Les cours hydrocarbures qui continuent d’assurer la quasi-totalité des recettes extérieures de l’Algérie ne donnent pas de signe de vouloir décoller pour remettre du grain à moudre dans l’économie. Dans le même temps, les caisses de l’Etat continuent de subir une pression intenable due, en premier lieu, à l’accroissement démographique mais aussi, il faut le dire, à une mauvaise gestion des deniers.

Lors du dernier Conseil des ministres, Aïmene Benabderrahmane a d’ailleurs insisté sur “la nécessité de parvenir au rétablissement des équilibres financiers interne et externes de l’Etat d’une part et à la rationalisation et à l’optimisation de la gestion des finances publiques d’autre part”.

Cela signifie que les voyants sont au rouge et que la marge de manœuvre des autorités devient de plus en plus malaisée. Résultat, l’argent commence à manquer dans les circuits induisant une situation qui affecte le climat des affaires et le moral des habitants dont le pouvoir d’achat diminue d’année en année depuis 2014. Cette contraction se lit facilement sur les visages et renseigne sur l’état pitoyable des finances des ménages absorbées par des dévaluations successives du dinar.

Même le secteur informel où circule une grande partie du liquide souffre actuellement de la chute de la demande puisque les petites bourses qui forment le gros de sa clientèle sont presque vides. Les couches populaires comptent au sou près maintenant et s’interdisent tout excès se limitant au strict essentiel par crainte des fins de mois difficiles. La rentrée scolaire qui constitue une autre occasion de dépense pour les familles augmente l’inquiétude des parents aux revenus modestes déjà éprouvés par les débordements consentis pendant le ramadan et durant les deux grandes fêtes religieuses.

L’Etat, pour sa part, peine à promouvoir des ressources hors hydrocarbures afin d’accroître l’offre algérienne à l’exportation qui demeure anecdotique par rapport au potentiel du territoire. Bien que très faiblement endetté vis-à-vis de l’étranger, le pays demeure économiquement peu performant sans trouver des issues innovantes pour conjurer ce mauvais sort qui dure depuis cinq décennies.

Le modèle de développement algérien hésite encore entre un système social, basé sur la subvention de plusieurs nécessités, et la construction d’un nouvel ordre fondé sur la promotion du mérite et la compétitivité.

Le nivellement par le bas, la surpuissance de la bureaucratie, la complexité des procédures et la rareté des sources de financement des entreprises constituent les principaux obstacles au démarrage de la locomotive. Toutefois, c’est le manque d’ambition et le découragement de l’esprit d’initiative qui freinent l’éclosion d’une génération d’entrepreneurs audacieux et créatifs, capables de provoquer un effet d’entraînement et d’émulation dans la société.

Aujourd’hui, le tissu productif du pays est formé à 97% de micros, petites et moyennes entreprises. Celles-ci peuvent rapidement prendre leur essor si elles évoluent dans un environnement favorable. Car en plus d’un marché intérieur de 45 millions de consommateurs, elles peuvent investir les proches bassins africain et méditerranéen à leur portée dans lequel elles ont des chances de trouver des niches.

Les crises ont ceci d’intéressant : elles obligent les acteurs à se remettre en cause, à réajuster le tir, pour atteindre leurs objectifs. Il faut bien entendu y mettre de la volonté, de l’effort et de l’intelligence pour y parvenir.

Mohamed Badaoui

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