Noureddine Aït Hamouda à Ferhat Mehenni :  « la Kabylie ne se vend pas »

Dans une lettre ouverte adressée à Ferhat Mehenni, Noureddine Aït Hamouda, ancien député du RCD et fils du colonel Amirouche, rappelle d’emblée l’amitié, les combats et les idéaux qu’ils ont partagés : la liberté, la justice sociale, la citoyenneté et la construction d’une Algérie unie et solidaire. Il souligne qu’en dépit des divergences, leurs relations étaient restées excellentes, jusqu’à ce que la dérive progressive de Mehenni ne provoque chez lui une profonde douleur.

Aït Hamouda explique que la rupture s’est produite en 2018, lorsque Mehenni a proclamé unilatéralement l’indépendance de la Kabylie. Il avait d’abord considéré cette annonce comme un geste impulsif d’un militant en colère, avant de comprendre qu’il s’agissait d’un tournant irréversible. Il l’interpelle : comment déclarer l’indépendance de la Kabylie depuis la capitale d’un pays qui a colonisé l’Algérie pendant 130 ans ? Et comment entraîner toute une région dans une aventure dangereuse, en reniant son histoire de résistance depuis 1830 ?

Il rappelle que la Kabylie, qui avait refusé la « paix des braves » proposée par De Gaulle, ne saurait accepter ce qu’il appelle une « indépendance des lâches ». Selon lui, Mehenni renie désormais la mémoire de figures emblématiques telles que Cheikh El Haddad, El Mokrani, Lalla Fadhma N’Soumer, Krim Belkacem, Abane Ramdane, Amirouche, ainsi que celle de son propre père.

Aït Hamouda accuse également Mehenni d’avoir franchi un seuil de déloyauté par des alliances qu’il juge indignes. Il cite notamment les manifestations où Mehenni a brandi le drapeau israélien à Paris, soutenu — affirme-t-il — par Israël, le Makhzen marocain et l’extrême droite française, une scène qu’il dit avoir été insupportable à regarder.

Il conclut que Mehenni s’est détourné des valeurs de dignité, de justice et de résistance anticoloniale qu’ils partageaient autrefois. Selon lui, par ses actes, Mehenni s’est coupé des racines profondes de la Kabylie et de ses principes immuables : « La terre de Kabylie ne se vend pas et ne se brade pas. »

R.N