Le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, a décidé de ne pas participer personnellement au sommet arabe d’urgence qu’abritera la République arabe d’Egypte qui se tient aujourd’hui au Caire, a rapporté l’Agence Algérie presse service se rapportant à des sources bien informées.
Selon l’ordre du jour annoncé, il y a quelques jours par les autorités égyptiennes, il s’agit de discuter des développements de la question palestinienne.
Le président de la République, ajoute l’APS, a chargé le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Monsieur Ahmed Attaf, de représenter l’Algérie à ce sommet.
L’Aps a accompagné cette information d’un commentaire analysant les raisons qui ont poussé Abdelmadjid Tebboune à prendre une si lourde décision. «Cette décision intervient dans le contexte des déséquilibres et des lacunes qui ont entaché le processus de préparation de ce sommet, dans la mesure où ce processus a été monopolisé par un groupe limité et étroit de pays arabes qui ont accaparé la préparation des outcomes du prochain sommet du Caire sans aucune coordination avec le reste des pays arabes, qui sont tous concernés par la question palestinienne, » a écrit l’Aps.
La de l’agence source «a souligné que le Président de la République éprouve un sentiment d’insatisfaction par rapport à cette façon de faire, basée sur l’inclusion de pays et l’exclusion d’autres, comme si le soutien de la cause palestinienne était devenu aujourd’hui le monopole de certains et pas d’autres. Alors que la logique des choses a été et demeure toujours de consolider l’unité arabe et de renforcer le rassemblement de tous les pays arabes autour de la cause palestinienne qui reste leur cause centrale, d’autant plus que cette dernière est confrontée à des défis existentiels qui visent à s’attaquer au projet national palestinien dans son essence.» «C’est-là l’approche que l’Algérie a toujours appelé à en faire le référant et la boussole, et notre pays continue de consacrer son mandat au Conseil de Sécurité à la défense de la cause palestinienne, une voix arabe qui dit la vérité, une voix arabe qui défend les droits des opprimés, et une voix arabe qui n’attend aucune récompense ou reconnaissance de ses frères, mais qui se lamente et déplore l’état actuel de la nation arabe,» conclut l’Aps.
Il est clair que la décision du président renouvelle la position de l’Algérie du fonctionnement de la ligue (prises de décisions, préparation de l’ordre du jour… et bien d’autres points encore). La nouveauté cette fois-ci, réside dans le statut de celui qui s’exprime : Le président de la république lui-même, à travers cette décision qui s’avers être une première concernant la participation aux sommets de la ligue. C’est la première fois que l’Algérie baisse le niveau de la représentation au sommet.
L’Algérie appel à la réforme de la ligue arabe
La position de l’Algérie contre le fonctionnement de la ligue arabe a pris, depuis des années, plusieurs formes. Depuis sa manière de prendre la parole, sa ligne de conduite lors des votes, jusqu’à la dénonciation claire et nette.
Abdelaziz BelKhadem, ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères sous la présidence Bouteflika avait déclaré : «La Ligue arabe n’est pas une ligue, encore moins arabe qu’elle ne s’appelle. Une ligue qui fait appel au Conseil de sécurité contre un de ses membres fondateurs ou à l’Otan pour détruire les capacités des pays arabes a besoin d’être profondément revue.»
L’ancien ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait déclaré lors d’une réunion ministérielle de la ligue : «Une analyse de la situation nous fait comprendre que certains cherchent à s’attribuer des rôles influents dans la structure de l’ordre régional et international en établissant des alliances dangereuses dans l’unique but de réaliser des acquis immédiats au détriment des nobles objectifs du système de l’action arabe commune».
Faut-il rappeler que l’irak, la Libye, la Syrie et le Yémen, tous ces pays arabes ont été détruits avec l’aval de la ligue arabe sinon une participation militaire directe. C’est le cas de l’Irak et du Yémen plus précisément.
La ligue arabe a donné implicitement le feu vert à une intervention de l’OTAN en Libye contre le régime de Mouammar El Gueddafi, en appelant le conseil de sécurité à imposer une zone d’exclusion aérienne. L’Algérie a voté contre. Il est clair que les dirigeants d’un certain nombre de pays arabe cherchaient depuis longtemps à se débarrasser du colonel libyen. Lui qui rappelait aux roitelets leur origine et leur parrain britannique.
La même ligue arabe a décidé, sans se référer à ses statuts, l’exclusion de la Syrie.
L’Algérie a, encore une fois, voté contre.
L’Algérie, avec quelques autres pays arabes, n’a jamais participé ou voté pour une action dont le but est d’attaquer un autre pays.
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a appelé, lors de son discours à l’ouverture du sommet arabe tenu à Alger le 1er et le novembre 2022 à réformer d’une manière diligente et profonde et exhaustive de l’action arabe commune.
“Le défi de la réforme constitue, aujourd’hui, une nécessité impérieuse et exige un mode de traitement sérieux, responsable et crédible, partant de la conviction de toutes les parties quant à la nécessité de réformes diligentes, radicales, profondes et exhaustives de l’action arabe commune, pour que la Ligue puisse accomplir le rôle qui lui est dévolu pour relever les défis et s’adapter aux derniers développements survenus sur les scènes régionale et internationale”, avait-il dit.
La nouvelle prise de position de l’Algérie, ne saurait être une vague de colère passagère. Elle repose sur un constat bien réel d’une situation appelée à être réformée d’une extrême urgence.
Sid Ali
LA NATION Quotidien National D'information