
L’ambassade de France à Alger a indiqué, ce mardi dans un communiqué, que «l’ambassadeur de France Stéphane Romatet s’est rendu ce mardi 19 novembre au Carré des martyrs du cimetière d’El Alia. À la demande du président de la République Emmanuel Macron et en son nom, il a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de Larbi Ben M’hidi».
Ainsi, le président français persiste dans sa logique fragmentaire de traiter ce qu’il appelle la question de la mémoire entre la France et l’Algérie. Ali Boumenjel par-ci, Larbi Ben M’hidi par-là et qui sait s’il ne sortira pas d’autres noms dans l’avenir. Alors que les Algériens, il s’agit de condamner le fait colonial : sa philosophie, son histoire et la façon dont la France officielle pense aujourd’hui le sujet.
Dans le texte reconnaissant la responsabilité de l’armée française dans l’assassinat de « Larbi Ben M’hidi, héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954», le président français a bien choisi termes. Alors que pour les Algériens, celui qui a assassiné Ben M’hidi c’est l’Etat français, Macron a utilisé l’expression « assassiné par les militaire». Comme s’il s’agissait d’une simple bavure. Un acte isolé commis par des militaires et non par l’Armée à la solde de l’Etat colonial.
Le président de l’ancienne puissance coloniale entend, ainsi, régler l’échec de sa politique algérienne en usant d’une rhétorique que personne largement dépassée.
La pilule que le chef de l’Elysée appelle «Le travail de vérité et de reconnaissance» ne saurait suffire à redonner aux relations algéro-françaises le tonus que souhaite une partie de la classe politique française et surtout les chefs d’entreprises.
Pour les autorités algériennes, Emmanuel Macron a commis l’erreur fatale en déclarant reconnaître « la souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Alors que, pour l’Algérie, la France, en tant que membre permanent du conseil de sécurité, est censée adopter une totale neutralité.
Le 17 octobre dernier, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait signifié que la question de la mémoire avait besoin « d’un nouveau souffle de courage et d’intégrité pour se débarrasser du complexe du passé colonial et se tourner vers un avenir où il n’y a pas de place pour les semeurs de haine, parmi ceux qui restent prisonniers d’une pensée coloniale obsolète. »
Abir Najri