A la veille du début de la campagne électorale des législatives prévues le 12 juin, les partis politiques qui se préparent à entrer en lice souffrent d’un grave déficit de crédibilité.
La majorité des partis politiques agréés en Algérie, du moins ceux qui ont des militants et des sympathisants en nombre suffisant, s’apprêtent à concourir pour obtenir des sièges dans la future Assemblée.
Les états-majors de ces formations, muettes sur les questions épineuses qui taraudent le pays, ont produit des listes de candidats pour en faire des représentants du peuple. Or, une partie de celui-ci est, depuis plus de deux ans, dans la rue pour réclamer le changement radical du système politique à commencer par les assemblées élues.
Une revendication que les partis semblent ignorer lui préférant l’exhibition de leur disponibilité à servir, en tant qu’opposition, la stratégie du pouvoir.
Comme à chaque campagne, à l’image de ce qu’il ont dit sous Abdelaziz Bouteflika, sous Liamine Zeroual et tous leurs prédécesseurs, ils permettront de défendre le programme du président de la république, faire de l’Algérie une puissance régionale, la protéger contre ses ennemis, etc.. Ils resteront, cependant, vagues sur les thèmes concrets tels que la santé, l’éducation, l’économie et les conditions générales de la vie citoyenne. Ils savent que le gouvernement garde jalousement ses prérogatives sur ces dossiers, n’acceptant aucune remise en cause ou contrôle de ses actions.
Les organisations politiques algériennes ne sont ni de gauche, ni de droite, ni du centre. Elles voltigent entre ces directions au gré des événements tout en renouvelant leur allégeance au premier responsable de l’Exécutif à chaque fois que leur avis est sollicité. Leur mission consiste à partager une tranche du discours idéologique officiel qu’elles traduisent dans leur propre jargon avant de le resservir à l’opinion.
Cette posture confère à leurs responsables une participation au pouvoir (souvent une simple proximité des centres de décision) sans qu’ils aient besoin de lutter ou de produire des idées.
En somme, le rôle dévolu par les autorités à ce qu’il est convenu d’appeler « la classe politique » est d’encadrer la population plutôt que défendre ses droits et porter en haut lieu ses inquiétudes. Ce sont des associations regroupant des politiciens professionnels au service des puissants des moment qu’ils défendent avec zèle et tirent, en retour, des privilèges et des profits.
Toutefois, les partis qui formaient une alliance autour de l’ex-chef d’Etat Abdelaziz Bouteflika et encore omniprésents sont tous aujourd’hui discrédités. Les patrons du FLN, du RND, du TAJ, du MPA ont tous été jugés pour malversations et écopé de lourdes peines en raison de leur implication dans des affaires de trafic d’influence et de corruption.
Ce serait un exploit s’ils arrivent à fédérer les citoyens autour d’un projet à long terme. Il est donc à parier que l’establishment préférera s’appuyer sur des « indépendants » pour reprofiler le cheptel politique en mettant en avant des figures moins sujettes à caution.
Pour cette raison, l’enjeu des législatives du 12 juin est crucial. Le pouvoir se sait fortement contesté et incapable de regagner la confiance de la population même deux ans après la chute de Bouteflika. Il doit donner des signaux rassurants aux électeurs pour qu’ils adhèrent à sa vision de la « nouvelle Algérie ». Sans cela, la crise a toutes les chances de perdurer.
Mohamed Badaoui