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Et maintenant…

En vrac par Madjid Khelassi

Ahmed Gaïd Salah, patron de l’armée algérienne, tire sa révérence. A presque 80 ans, il décède suite à un malaise cardiaque chez lui.

Repêché par Boutef alors qu’il se voyait faire valoir ses droits à la retraite en 2004, le chef d’état major aura été, pendant le règne bouteflikien, le grand parleur de la grande muette. Et le chef de la hiérarchie militaire.

Année 2019…Un mouvement, venu des entrailles d’une liberté orpheline, sort dans toutes les rues du pays. C’est le Hirak ! Son nom, mouvant,  s’oppose au 5e mandat. Boutef est mis sur la touche, Bensalah assure l’intérim constitutionnel.  Plus tard, son frère Saïd est emprisonné avec l’ex-général Toufik, Tartag et Louisa Hanoune.

Les mariés de la politique et des affaires se bousculent sous le portillon rouillé du vieux pénitencier d’El Harrach.

Ouyahia et Sellal, et presque la totalité de leurs gouvernements respectifs avec en guest-stars ( vedettes invitées ) la fine fleur de l’argent facile et du bakchich tous azimuts.

La voix populi n’en croit pas ses yeux et tous y voient la main ferme de Gaïd Salah. Semaine sur semaine, le peuple «  vendredise » et les étudiants « mardisent ».

Yatnahaou Gaa, dit le peuple. Les figures marquantes de la contestation sont embastillées. Tabbou , Boumala, Bouregaa et plein d’autres inaugurent l’emprisonnement pour délits d’opinion.

Presque 10 mois d’une révolution civilisée qui ravit la planète entière. Ouyahia, Sellal et consorts sont jugés et condamnés à de lourdes peines.

12 décembre 2019, les élections programmées comme une messe bien dite nous gratifient d’un ex-ministre et éphémère Premier ministre,Abdelmadjid Tebboune. Le Hirak occupe la rue le jour du vote. Le Président «  fraîchement élu » prête serment. Accolades, embrassades appuyées entre AGS et Tebboune.

Lundi 23 décembre, Gaïd Salah décède. Deuil national de 3 jours. Un autre général succède au défunt de fraîche date. Le changement dans la continuité.

Mais pas que. Car c’est une donne inédite qui pointe. Et maintenant ?

Questions : Tebboune s’émancipera-t-il de l’institution militaire ? L’armée rentrera-t-elle dans les casernes et laisser le pouvoir aux civils ?  La conduite non linéaire des affaires de l’Etat et la double façade civile et militaire continuera-t-elle comme si de rien n’était ? Il faut parfois que survienne un fait majeur pour qu’hier ne puisse ressembler à demain. Président récemment élu, Hirak, détenus d’opinions, pays à l’arrêt économiquement, bords flous…la mort de Gaïd Salah rebat comme jamais les cartes au sommet de l’Etat.

 

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