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32e sommet de la Ligue arabe : Tebboune rend la politesse à Ben Salmane

Le sommet de la Ligue arabe qui s’est ouvert vendredi est parmi les plus étonnants. Plusieurs chefs d’Etats de l’organisation se sont abstenus d’y participer, pendant que l’Ukrainien Zelensky est reçu à cette session avec tous les honneurs.

Le président de la République a rendu la politesse à Mohamed Ben Salmane, une année après que l’héritier du trône saoudien a décliné son invitation à participer au sommet d’Alger en novembre dernier sous le prétexte d’une otite.

Abdelmadjid Tebboune a également exprimé, par son absence, le mécontentement de l’Algérie à la suite de sa mise à l’écart dans la décision de la réintégration de la Syrie dans le giron arabe alors qu’elle assurait la présidence de la Ligue.

Pourtant, c’est elle qui a insisté pour le retour de Damas au sein de sa communauté naturelle après son bannissement qui a duré plus d’une décennie. La multiplication des impairs diplomatique du maître de Riyad montrent qu’il entend faire cavalier seul dans la région et imposer ses vues aux autres pays sur les questions géopolitiques.

Sauf que l’Algérie n’est pas habituée à ce qu’on lui dicte sa conduite ou qu’on la confine dans un rôle de comparse qui se suffit d’un strapontin à plus forte raison quand il s’agit de dossiers qui la concernent.

Ben Salmane qui a probablement subi une forte influence de Donald Trump dont il s’inspire en matière de politique étrangère est amateur des passages en force. Sauf que l’Arabie saoudite, malgré sa richesse, n’est pas les Etats-Unis d’Amérique.

Quoi qu’il en soit, Tebboune n’a pas surréagi aux dernières manœuvres du futur roi d’Arabie saoudite. Dans l’allocution lue en son nom par Aïmene Benabderrahmane à l’ouverture du 32e sommet de la Ligue Arabe, le chef de l’Etat a mis l’accent sur sa volonté de rassembler les composantes du monde arabe. Il a, d’autre part, rappelé son initiative de réunification des rangs palestiniens pour les aider à «parachever» leur processus de réconciliation nationale.

Diplomatiquement, il a salué «le retour de la Syrie parmi ses frères à la Ligue arabe» et a même remercié «tous les pays arabes frères qui ont soutenu les efforts de l’Algérie », en ce sens, «à leur tête le Royaume d’Arabie saoudite, pays frère». Il n’a pas manqué, en outre, d’évoquer la célébration par l’Algérie de l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945 qui coïncide, a-t-il relevé, avec la fin de la mise au ban de Damas. C’est une façon de faire réfléchir sur la source de l’éthique politique de l’Algérie qui se nourrit de son histoire faite de luttes et de sacrifices pour arracher et garder jalousement son indépendance.

Tebboune n’a, d’autre part, pas commenté l’invitation du président ukrainien Volodymyr Zelenski au Sommet de Djeddah. Alger n’a aucun différend avec Kiev et a même décidé d’y rouvrir son ambassade. Elle préfère, cependant, maintenir sa neutralité dans ce conflit sans renier les liens d’amitié et de coopération avec la Russie.

En résumé, pour l’Algérie l’attitude de Mohamed Ben Salmane ne correspond pas à ce que devrait être les relations interarabes, mais se garde d’insulter l’avenir répondant franchement à son manque de tact.

Les liens entre les deux pays sont anciens, profonds et importants pour être ébranlés par une tempête passagère. L’Algérie a, toutefois, exprimé à différentes occasions son refus de négocier l’indépendance de sa décision et suivre les injonctions d’un Etat ou d’une organisation auxquels la conjoncture leur fait croire qu’ils détiennent le destin du monde en main.

Ali Younsi-Massi   

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